Installer ou développer une exploitation agricole coûte cher. Dans les Antilles, comme ailleurs, les agriculteurs comptent sur les aides européennes du Feader (Fonds européen agricole pour le développement rural). Mais en Guadeloupe, des dossiers bloqués depuis plus de deux ans laissent les jeunes exploitants dans une détresse financière croissante.

Des projets freinés par des délais interminables

Au Moule, l’agricultrice Véronique Nestar a déposé en 2021 un dossier de financement de 600 000 euros. Mais sa convention d’attribution est arrivée avec deux ans de retard, à quelques mois seulement de sa date de clôture. Comme elle, 48 projets agricoles, représentant près de 5 millions d’euros, sont paralysés en Guadeloupe. Ces retards sont attribués à des bugs informatiques et à des lenteurs administratives dans la gestion régionale. Résultat : des exploitations risquent de ne jamais voir le jour, malgré des investissements personnels déjà engagés.

En Guadeloupe, le secteur agricole, déjà fragilisé par les aléas climatiques et la concurrence des importations, voit dans ces retards un nouveau coup dur. Pour les jeunes installés, le risque est clair : abandonner des projets pourtant essentiels pour l’avenir alimentaire du territoire.

Un appel à des États généraux de l’agriculture

Face à l’urgence, le président des Jeunes Agriculteurs de Guadeloupe, Yannick Kindeur, réclame la tenue d’États généraux de l’agriculture. Selon lui, « certains jeunes risquent d’abandonner leurs projets si aucune solution rapide n’est trouvée ».

La Région assure avoir programmé le traitement de plusieurs dossiers, pour un montant avoisinant 800 000 euros, mais ces annonces peinent à convaincre des professionnels en attente de mesures concrètes.

Un malaise partagé avec les agriculteurs de métropole

Cette crise résonne fortement avec la situation en France hexagonale, où les agriculteurs multiplient depuis des mois les mobilisations contre la lourdeur administrative, la concurrence déloyale des importations et la flambée des coûts.

Aux Antilles comme dans l’Hexagone, la profession dénonce les normes trop contraignantes, les retards de paiements et l’insécurité économique qui pèse sur les exploitants. Si la Guadeloupe n’a pas connu de blocages routiers comme en métropole, la colère monte et l’option d’un mouvement d’ampleur n’est plus écartée.

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