En Guadeloupe, plusieurs mères de famille vivent un véritable cauchemar depuis leur participation à une formation en couture dispensée par l’organisme World Experience entre décembre 2023 et septembre 2024. Lucie, Vanessa, Marie et une vingtaine d’autres femmes n’ont jamais perçu les indemnités promises dans leurs conventions. Certaines accusent jusqu’à neuf mois de retard de paiement, avec des conséquences dramatiques sur leur quotidien.
Lucie, atteinte d’un cancer, survit avec à peine mille euros par mois, dont la moitié sert à rembourser des dettes. Vanessa cumule près d’un an de loyers impayés, tandis que Marie a dû avancer près de 3 000 euros de carburant pour se rendre à la formation depuis Pointe-Noire, sans jamais être remboursée. Elles racontent devoir « se priver de nourriture pour que les enfants mangent » et compter sur l’aide familiale pour ne pas sombrer.
Face à cette injustice, les syndicats UET et UFTG, ainsi que l’Union des fonctionnaires territoriaux de Guadeloupe, se sont mobilisés. Une collecte publique a même été organisée pour leur venir en aide. Mais sur le plan institutionnel, c’est l’imbroglio : la Région rejette la faute sur World Experience, affirmant que la formation a démarré sans convention de financement validée, ce qui rendrait impossible tout versement légal. Les syndicats, eux, accusent la collectivité de négligence et envisagent désormais une action judiciaire.
Ce dossier illustre à quel point des dispositifs censés favoriser l’insertion professionnelle peuvent se transformer en pièges administratifs lorsque les contrôles et les responsabilités sont mal définis. Ces femmes voulaient travailler et créer leur activité. Elles se retrouvent avec des dettes, des huissiers et une vie bouleversée. Leur combat est désormais judiciaire et symbolique : obtenir réparation, mais surtout rappeler que la formation ne doit jamais devenir un facteur d’exclusion.