Longtemps tabou, le sujet de la prostitution des mineurs s’impose désormais comme une priorité en Guadeloupe. Ce mardi 30 septembre, le Département a réuni à Lamentin l’ensemble des acteurs concernés – magistrats, rectorat, forces de l’ordre, associations et travailleurs sociaux – pour un séminaire consacré à ce fléau encore trop souvent ignoré.
La procureure de Pointe-à-Pitre et les représentants institutionnels présents ont rappelé que ce phénomène existe bel et bien localement, même s’il reste difficile à quantifier. La honte et la peur de stigmatiser freinent la parole publique, mais l’urgence est réelle : les enfants et adolescents concernés sont parmi les plus vulnérables de la société. Le plan départemental vise donc à mutualiser les moyens, améliorer le repérage et renforcer la protection des victimes.
Le message est clair : cette lutte n’est pas seulement l’affaire des professionnels de santé, de justice ou d’éducation. Parents, voisins, amis, tous peuvent contribuer en signalant des situations suspectes. La vigilance collective devient un devoir républicain face à un trafic qui mine le lien social et détruit des vies.
Dans le même esprit, le parquet de Pointe-à-Pitre a innové en organisant récemment un stage de responsabilisation pour les clients de la prostitution. Destiné aux primo-délinquants, ce dispositif pédagogique déconstruit les mécanismes d’exploitation et souligne la dimension criminelle, sanitaire et sociétale de ces pratiques. Cette démarche, appelée à se répéter tous les six mois, illustre une stratégie offensive qui cible non seulement les réseaux mais aussi la demande.
La République ne peut tolérer que son avenir – sa jeunesse – soit brisé par l’exploitation sexuelle. En affichant unité et fermeté, la Guadeloupe démontre qu’elle prend la mesure du problème et qu’elle s’attaque enfin à ses racines.



