Lors du 85ᵉ Congrès HLM à Paris, la Guadeloupe a été pointée comme l’un des territoires ultramarins les plus durement touchés par la crise du logement social.

Selon l’ARMOS, la production est passée de 1 000 à 1 400 logements agréés par an à seulement 300 à 500 en trois ans, alors que la demande a bondi de 11 000 à 15 000 dossiers en attente. Ce décrochage alimente une tension sociale croissante, sur fond de pauvreté structurelle déjà élevée.

Les causes sont multiples : diminution continue de la Ligne budgétaire unique (LBU), flambée des coûts des matériaux importés, petites entreprises du BTP incapables d’absorber les surcharges, et défaillances criantes des infrastructures d’eau et d’assainissement qui retardent les chantiers de plusieurs années. À ces difficultés s’ajoute un facteur aggravant : le désengagement des assureurs, échaudés par les catastrophes naturelles et les émeutes, qui fragilise encore la faisabilité des projets.

En parallèle, le paradoxe du logement social en Outre-mer s’accentue. Alors que 64 % des ménages y sont éligibles (contre 55 % dans l’Hexagone), seuls 26 % accèdent effectivement à un logement. Les besoins sont évalués à 110 000 logements manquants dans les DROM, dont 90 000 rien que pour la Guadeloupe, la Martinique et Mayotte. Pourtant, en 2024, seulement 2 473 logements sociaux ont été livrés dans les Outre-mer, très loin des objectifs de 10 000 à 15 000 fixés par l’État.

Derrière ces chiffres, c’est une alerte claire : sans relance massive et financements pérennes, la pénurie de logements sociaux menace la cohésion nationale. Dans ces territoires français, où la République doit plus que jamais tenir sa promesse d’égalité réelle, l’échec du logement social serait une bombe sociale à retardement.

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