En visite officielle en Guadeloupe, Gérald Darmanin a signé ce lundi 8 décembre, sur le campus du Camp Jacob à Saint-Claude, la lettre d’engagement pour créer la première classe préparatoire d’Outre-mer à l’École nationale de la magistrature. Cette prépa-Talents, installée au sein de l’Université des Antilles, doit ouvrir à la rentrée 2026 et accueillir une dizaine d’étudiants antillais sélectionnés sur dossier par l’ENM.

Une réponse à « l’inégalité des chances »

Jusqu’ici, sept prépas-Talents existaient en France, toutes situées en métropole, dans des territoires ruraux ou populaires. Elles affichent environ 30 % de réussite au concours, preuve qu’un encadrement exigeant et public permet d’ouvrir réellement l’accès à la haute fonction judiciaire. Pour Gérald Darmanin, il s’agit de corriger une injustice ancienne : moins d’un pour cent des magistrats sont issus des Outre-mer au sens où ils ont préparé et réussi le concours depuis leur territoire. Beaucoup de jeunes ultramarins renoncent faute de moyens, de réseau ou parce qu’on leur impose un exil précoce vers l’Hexagone.

Le président de l’Université des Antilles, Michel Geoffroy, assume un choix élitiste et resserré : un petit effectif, un rythme soutenu, des enseignants-chercheurs mobilisés, des intervenants extérieurs triés sur le volet. L’objectif est clair : former des candidats qui ont vocation à réussir et, demain, à siéger comme magistrats. Pour la Guadeloupe et les Antilles, l’enjeu est aussi symbolique. Trop souvent, les justiciables découvrent des tribunaux où presque tous les magistrats viennent de l’Hexagone. Donner enfin aux étudiants locaux la possibilité d’entrer dans ce corps, c’est rapprocher la justice de la population, sans rien céder sur l’exigence de compétence.

Former des magistrats enracinés et fidèles à la République

Cette annonce s’inscrit dans une tournée antillaise placée sous le signe de la justice et de l’autorité de l’État : inauguration de la nouvelle maison d’arrêt de Basse-Terre, promesse de renforts de magistrats contre le narcotrafic, installation d’un comité des usagers de la justice, et ce mardi, déplacement en Martinique pour l’inauguration de la SAS de Ducos et des réunions sur la criminalité organisée. Le garde des Sceaux a aussi promis d’adapter les horaires des concours aux fuseaux ultramarins, afin que les candidats de nos territoires ne composent plus en pleine nuit.

Reste maintenant à donner tout son sens à cette prépa ENM. Si elle ne doit pas se transformer en simple tremplin vers une carrière parisienne de plus, elle peut devenir un outil décisif pour former des magistrats enracinés en Guadeloupe, connaissant le terrain, attachés à la France et à l’ordre républicain. Dans un archipel confronté au narcotrafic, aux violences et à une délinquance de plus en plus structurée, la population attend une justice ferme, rapide, lisible, qui protège les honnêtes gens davantage que les casseurs. La création de cette prépa-Talents est un pas concret vers plus d’égalité des chances. À condition que, demain, ces futurs magistrats choisissent de servir ici, au pays, et de faire vivre pleinement l’autorité de l’État dans les tribunaux des Antilles.

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