Depuis plus de deux semaines, les habitants de Grand-Santi vivent au ralenti : les coupures d’eau s’intensifient et le robinet reste souvent désespérément vide. Ce problème, chronique depuis plusieurs années, s’aggrave à mesure que la population augmente et que les infrastructures vieillissent.
Les habitants racontent un quotidien bouleversé. « On doit se laver avant 20 heures et stocker des seaux d’eau pour le lendemain », confie Majo Efraim, l’un des nombreux riverains affectés. Dans certains foyers, l’eau sort désormais jaune et impropre à la consommation.
Sur place, les experts de la Société Guyanaise des Eaux (SGDE), de la Direction générale des territoires et de la mer (DGTM) et de l’Agence régionale de santé (ARS) constatent une production bien inférieure aux besoins : 9 m³ d’eau pompés par heure, contre 21 m³ prévus initialement. Les causes sont multiples : sécheresse, fuites sur le réseau, et forages appauvris.
Le maire, Félix Dada, a lancé un plan d’urgence : tous les compteurs seront coupés temporairement pour repérer les fuites, et plusieurs tonnes d’eau embouteillée sont acheminées par avion et pirogue. Une opération de solidarité est également organisée par la compagnie Guyane Fly, qui transporte gratuitement les dons de packs d’eau depuis le littoral.
Mais ces mesures ne sont que provisoires. Face à la pression démographique et à l’épuisement des nappes, la mairie envisage désormais un captage dans le fleuve Maroni. Une option risquée, car le fleuve est fortement pollué par l’orpaillage illégal. « L’eau du Maroni n’aura pas la même qualité, mais nous n’avons pas d’autre choix », reconnaît le maire.
Ce nouvel épisode illustre les fragilités structurelles de l’accès à l’eau potable en Guyane, un territoire français où des milliers de citoyens subissent encore des conditions indignes du XXIe siècle. Restaurer la distribution et moderniser le réseau ne sont plus des urgences locales : c’est un impératif républicain.



