La nouvelle fait l’effet d’un coup de tonnerre dans le secteur agricole : la Chambre d’Agriculture de Guyane (CAG) ne participera pas au Salon international de l’agriculture (SIA) 2026, faute d’avoir obtenu les subventions nécessaires de la Collectivité territoriale de Guyane (CTG). Une absence lourde de conséquences pour la visibilité du territoire, d’autant que l’édition 2026 mettra en lumière les Outre-mer autour du zébu Brahmane, race dont la Guyane détient le plus grand effectif national.
Une décision incomprise
Jean-Yves Tarcy, président de la CAG, ne cache ni sa déception ni son incompréhension. Il rappelle que depuis juin, la Chambre avait « anticipé, structuré et coorganisé » les préparatifs avec la CTG et plusieurs EPCI prêts à accompagner le déplacement. Pour lui, la décision tombe d’autant plus mal que la Guyane décroche chaque année des médailles au Concours général agricole – rhums Saint-Maurice, miels de savane, produits transformés – et que le SIA demeure « un puissant levier d’attractivité touristique, économique et commerciale ». La CAG, qui ne dispose pas des moyens financiers suffisants pour s’y rendre seule, doit donc renoncer. Une première depuis des années.
Du côté de la Collectivité, le vice-président chargé de l’agriculture, Roger Aron, confirme et revendique ce choix. Face aux incertitudes du budget 2026, la CTG indique avoir privilégié une autre priorité : financer le déplacement pédagogique d’élèves du lycée agricole de Matiti, futurs professionnels du secteur. Ces jeunes découvriront le Salon, mais aussi Rungis et d’autres filières agricoles structurantes. « Ce sont les agriculteurs de demain », insiste la CTG, qui rappelle que pendant des années elle a financé un stand institutionnel coûteux et soutenu logistiquement les participations successives.
Cette rupture tranche avec les déclarations du même élu au SIA 2025, où il affirmait vouloir « une Guyane pleinement représentée » et regrettait déjà l’absence de certains territoires. Cette fois, l’absence concernera l’ensemble de la délégation agricole institutionnelle.
Une visibilité sacrifiée dans une année stratégique
Alors que les Outre-mer seront mis à l’honneur pour cette édition 2026, la Guyane, elle, ne disposera d’aucun stand officiel, laissant un vide culturel, économique et politique. Car au-delà de la vitrine agricole, le Salon est aussi un lieu de négociations avec l’État, d’échanges avec l’ODEADOM, d’annonces ministérielles et de mobilisation de la diaspora, un rôle que la CAG rappelle régulièrement.
Derrière ce retrait se dessine un autre enjeu : le manque de moyens chroniques de l’agriculture guyanaise. En février dernier encore, lors de la Journée de la Guyane au SIA 2025, Jean-Yves Tarcy alertait sur l’absence de foncier disponible, les besoins de modernisation, le déficit de techniciens de terrain et l’insuffisance des soutiens financiers.
Cette non-participation 2026 apparaît ainsi comme le symptôme d’un secteur sous pression, à un moment où les défis climatiques, économiques et fonciers exigent une présence renforcée au plus grand rendez-vous agricole de France. Reste à savoir si certains agriculteurs tenteront malgré tout le déplacement à leurs frais. Mais pour la première fois depuis longtemps, la Guyane ne sera pas représentée officiellement au Salon de l’agriculture, un signal qui interroge sur la stratégie et les priorités publiques en matière agricole.



