Trois semaines après la rentrée, le constat est sévère : en Guyane, des milliers d’élèves restent sans affectation, plusieurs établissements ne sont pas encore ouverts et des dizaines de postes d’enseignants demeurent vacants. Le Syndicat des travailleurs de l’éducation de Guyane (STEG-UTG), soutenu par d’autres centrales, parle d’une situation « dramatique » et exige des réponses « systémiques ».

Le nouveau lycée de Maripasoula, inauguré après six ans de chantier, a ouvert dans des conditions précaires, sans internat ni réfectoire fonctionnel. Ailleurs, les retards s’accumulent : à Macouria, une semaine de décalage, et à Saint-Laurent-du-Maroni, plusieurs mois pour le quatrième lycée de la ville. Selon le STEG-UTG, il faudrait à court terme huit lycées, douze collèges et cent écoles supplémentaires pour répondre à la démographie.

Le manque d’enseignants reste criant, y compris dans la zone de Cayenne. Dans l’intérieur, certains villages comme Trois-Sauts n’ont pas vu le moindre cours commencer faute de professeurs. À cela s’ajoute l’absence persistante de transports scolaires, qui prive encore 250 élèves autochtones d’une scolarité normale, malgré les engagements répétés de la Collectivité territoriale.

En mars dernier déjà, l’intersyndicale appelait à un « plan de rattrapage d’urgence ». Le recteur Guillaume Gellé, arrivé cette année, a ouvert un calendrier de discussions, mais les syndicats attendent des actes. Ils réclament une adaptation des programmes et du calendrier scolaire aux réalités climatiques et sociales locales, tout en dénonçant l’instabilité chronique des équipes éducatives.

Au-delà des polémiques syndicales, la réalité est claire : en Guyane, territoire jeune et en pleine croissance démographique, l’école est encore trop souvent un privilège inégalement réparti. C’est à l’État de garantir à tous les enfants de ce département français le droit à l’éducation, sans quoi les discours sur l’égalité républicaine sonnent creux.

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