En Guyane, le message est clair : les deux députés du territoire ont voté pour la chute du gouvernement Lecornu. Une position sans ambiguïté qui s’inscrit dans la continuité de leur ligne politique au sein du groupe Gauche démocrate et républicaine. Mais au-delà du symbole, ce vote traduit une colère sourde face à un exécutif accusé de répéter les erreurs du passé, notamment avec le projet de loi sur la vie chère inspiré de l’ère Valls.
Le vote des députés guyanais
Fidèles à la ligne de leur groupe, les deux députés guyanais ont voté pour renverser le gouvernement :
Jean-Victor Castor (GDR – 1ʳᵉ circonscription) : pour la censure.
Davy Rimane (GDR – 2ᵉ circonscription) : pour la censure.
Une contestation politique nourrie par la défiance économique
Depuis des années, la Guyane vit dans un équilibre fragile : croissance démographique record, infrastructures saturées, chômage structurel et un coût de la vie élevé. La reprise du projet de loi sur la vie chère, que le gouvernement présente comme une “mesure d’urgence sociale”, a ravivé les critiques : beaucoup y voient une approche jacobine, technocratique et inefficace, calquée sur les schémas hexagonaux.
Le député Jean-Victor Castor l’a résumé dans les couloirs de l’Assemblée : “Ce que la Guyane attend, ce n’est pas une loi de contrôle, c’est une loi de construction.”
Une loi inadaptée à la réalité du territoire
En Guyane, où 95 % des biens de consommation sont importés, les coûts de transport fluvial et maritime, le manque d’infrastructures logistiques et la dépendance énergétique expliquent l’essentiel des écarts de prix avec l’Hexagone. Le projet de loi sur la vie chère, en imposant des plafonds de prix et en renforçant les sanctions sur les marges commerciales, ne corrige aucune de ces causes structurelles. Pire encore, il risque de dissuader les rares investisseurs présents, déjà confrontés à des coûts d’exploitation très supérieurs à la moyenne nationale.
L’alternative : une continuité économique adaptée à l’Amazonie française
La Guyane a besoin d’une politique de rattrapage ciblée, pas d’une régulation punitive. Les acteurs économiques locaux plaident pour une politique logistique ambitieuse (routes, ports, réseaux fluviaux) ; la baisse des charges sur les importations stratégiques ; et une adaptation de la fiscalité locale à la réalité du territoire amazonien.
Ces mesures relèvent d’une logique de continuité économique, et non d’un contrôle administratif des prix depuis Paris. Elles permettraient de créer un cadre de concurrence sain et de stimuler l’emploi local.
En Guyane, la censure votée par les deux députés est plus qu’un acte politique : c’est un signal d’alerte. Tant que Paris privilégiera la régulation à la construction, la vie chère restera un symptôme d’un modèle mal adapté. Le territoire n’attend pas la compassion législative, il attend l’équité structurelle.



