La Polynésie française fait face à une explosion du trafic de stupéfiants. Depuis le début de l’année, les saisies atteignent des niveaux records : 51 kilos d’ice interceptés par la douane, près de 900 kilos de cannabis détruits par la gendarmerie. Derrière ces chiffres, une réalité inquiétante : la banalisation d’une consommation destructrice qui mine la société polynésienne.

L’ice, ou méthamphétamine, est la drogue la plus redoutée du fenua. Produite à partir de substances chimiques comme l’éphédrine, le lithium ou l’ammoniaque, elle agit directement sur le cerveau et le cœur, provoquant des troubles psychiques irréversibles. Près de 30 000 personnes en consommeraient en Polynésie, un chiffre alarmant pour un territoire de moins de 300 000 habitants. Son trafic s’organise à grande échelle : la Polynésie est devenue un point de transit stratégique entre l’Amérique du Sud et l’Australie. En juillet dernier, la marine et la gendarmerie ont intercepté près de deux tonnes de drogue sur un voilier aux Marquises la plus importante saisie jamais réalisée.

Le cannabis reste, lui, la drogue la plus répandue. Cultivé dans les vallées ou sur les motus, il alimente un marché parallèle difficile à éradiquer. Si certains minimisent ses effets, les autorités rappellent que le THC altère la mémoire, la concentration et favorise les troubles psychiatriques chez les jeunes. En 2025, la gendarmerie a détruit plus de 17 000 plants, un effort colossal mais insuffisant face à la prolifération des cultures illégales.

Dans ce contexte, les forces de l’ordre redoublent de vigilance et la population tente de s’organiser. Les associations locales multiplient les campagnes de sensibilisation, tandis que la justice alourdit les peines liées au trafic. Mais sans une mobilisation collective — éducation, prévention, encadrement familial, la Polynésie risque de voir s’enraciner une dépendance de masse, à la fois sanitaire, sociale et économique.

L’ice détruit les corps, le cannabis endort les consciences mais tous deux fragilisent la jeunesse et la cohésion du fenua. C’est désormais tout un modèle de société qu’il faut protéger.

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