Mayotte a encore retenu son souffle. Vendredi 14 novembre, six collégiennes de Bouéni ont quitté leur établissement en pleine matinée avant de disparaître dans la nature. Si toutes ont finalement été retrouvées au cours du week-end, cette fugue collective révèle une nouvelle fois le climat d’insécurité qui s’installe autour des écoles mahoraises, au point d’alarmer les parents d’élèves comme les autorités locales.

Selon les premiers éléments, les jeunes filles ont quitté le collège vers 9 h sans que personne ne s’en aperçoive. Les familles, elles, n’ont été prévenues qu’en fin d’après-midi. Plusieurs adolescentes ont ensuite été repérées jusque dans Mamoudzou et Kawéni, après avoir effectué de l’auto-stop. Une imprudence grave dans un département où les réseaux criminels, les violences de rue et les prédateurs rôdent trop souvent à proximité des établissements scolaires.

Une école fragilisée par la délinquance

Invité de l’émission Zakweli, le président de la FCPE de Mayotte, Haïdar Attoumani Saïd, n’a pas mâché ses mots. Pour lui, cette affaire illustre des défaillances profondes et répétées. Il pointe un rectorat incapable d’assurer la sécurité des élèves, déplore une alerte tardive et évoque même la présence de réseaux de proxénètes autour de certains collèges. Il rappelle une réalité que trop de responsables préfèrent ignorer : quand un élève franchit la grille de l’école, sa sécurité doit être garantie de bout en bout.

Dans les derniers mois, les violences se sont multipliées : agressions, rixes, incendies volontaires, affrontements de bandes. À Bouéni comme ailleurs, les parents n’en peuvent plus de voir leurs enfants évoluer dans un environnement aussi instable. Cette disparition collective, même si elle s’est terminée sans drame, est un nouveau signal d’alarme dans un département déjà fragilisé par l’immigration clandestine, les tensions communautaires et la criminalité.

Les familles appellent aujourd’hui à un sursaut. L’État, souvent prompt à promettre mais lent à agir, devra enfin prendre la mesure de la gravité de la situation. À Mayotte, la sécurité scolaire n’est pas un sujet secondaire. Elle est la première condition d’un avenir possible pour la jeunesse française de l’océan Indien.

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