Chaque 13 octobre, la Journée mondiale de la résilience rappelle qu’une catastrophe se prépare avant qu’elle ne survienne. En Guyane, territoire amazonien et maritime, cette culture du risque est un impératif: le littoral recule par endroits, les crues alternent avec des sécheresses sévères, et des sites sensibles (énergie, spatial, barrages) exigent une vigilance continue.
Le rivage en donne la mesure. Après les épisodes des années 1990 à Rémire-Montjoly, de fortes marées ont encore frappé début octobre le secteur de Yalimapo. Sur la côte, l’envasement/désenvasement naturel, aggravé par la hausse et le réchauffement des eaux, fragilise plages et ouvrages. À l’intérieur, l’instabilité de certains reliefs rappelle l’éboulement du mont Cabassou en 2000; la colline du Tigre, au-dessus du boulevard Bassières, fait l’objet d’un suivi depuis 2021. Côté fleuves, les crues du Maroni (2021–2022) puis la sécheresse de 2024 ont tour à tour compliqué l’approvisionnement des communes isolées.
Risques naturels et technologiques: même exigence de préparation
Les aléas ne sont pas qu’environnementaux. La raffinerie Sara près du Dégrad-des-Cannes, le Centre spatial guyanais à Kourou/Sinnamary, le barrage de Petit-Saut, les oléoducs et gazoducs des ports, ou encore le transport de matières dangereuses via la RN1 et les axes fluviaux, composent une cartographie de risques technologiques bien réels. La perspective d’explorations pétrolières côté brésilien, à quelque 170 km des côtes amapaenses et guyanaises, pose d’ailleurs la question d’une mise à jour exigeante du plan Polmar pour les pollutions maritimes.
L’État encourage des exercices et actions de terrain: la Journée nationale « Tous résilients face aux risques » (institutionnalisée depuis 2023) labellise des initiatives toute l’année, avec un point d’orgue le 13 octobre. En Guyane, des rendez-vous sont programmés à Rémire-Montjoly le 17 octobre (stands, conférences, partenaires publics et de secours) et à Mana les 13–14 novembre. Objectif: identifier ses risques, connaître les alertes, acquérir les bons réflexes et les gestes qui sauvent.
La résilience, ce n’est ni la fatalité ni le slogan. C’est l’anticipation: plans communaux et intercommunaux de sauvegarde, entretien des digues et ouvrages, contrôle des sites Seveso et des convois de matières dangereuses, entraînement des équipes, information des habitants et des écoles. En Guyane, plus qu’ailleurs, se préparer ensemble — collectivités, services de l’État, entreprises et citoyens — c’est protéger des vies, sécuriser l’activité économique et tenir le rang de la République face aux risques majeurs.




