Koko de Rapa : le joyau ailé qu’il faut sauver, et vite

Oiseau emblématique de Rapa, le Ptilope de Hutton – le « koko » – est le plus grand des ptilopes de Polynésie française. Capuchon rose, poitrine gris-vert, ventre rosé et bas-ventre jaune : un plumage éclatant pour un oiseau classé en danger critique d’extinction. Après des recensements en chute libre (environ 160 individus en 2017, 140 en 2021), un suivi mené en mars-avril 2025 par Manu-SOP et les bénévoles de Raumatariki estime désormais la population à 193 oiseaux. Un frémissement positif, mais fragile.

Restaurer l’habitat, contrôler les menaces, structurer l’action

Le koko paie un habitat dégradé par la divagation des ruminants (bovins, caprins) qui empêchent la régénération des forêts, par les incendies et par les plantes invasives (goyavier de Chine, pin des Caraïbes). Les relevés montrent une préférence nette pour les forêts indigènes (densité plus élevée aux points d’écoute). D’où une réponse concrète et ordonnée : construction d’une barrière anti-ruminants de 7 km autour de la grande forêt de Perau, restauration de la vallée d’Iri avec arrachage des espèces exotiques, et mise en place d’une pépinière de plantes indigènes pour replanter un couvert favorable à l’alimentation et à la nidification.

La prévention des prédateurs est également renforcée. Des mesures de biosécurité sont déployées aux quais et un chien détecteur limite le risque d’introduction du rat noir, menace potentielle pour œufs et poussins. Ces actions s’inscrivent dans le projet européen LIFE Stop Extinction (2023-2030), avec une logique claire : protéger, restaurer, surveiller. C’est l’efficacité à la française : science, terrain, partenariats et résultats mesurables.

Au-delà de l’émotion, le koko est un atout pour le rayonnement de Rapa et de la France dans le Pacifique. En soutenant des actions ciblées, en impliquant la population et en tenant la ligne – ordre écologique, lutte contre les espèces invasives, contrôle des troupeaux – nous défendons un patrimoine national. Le sursaut 2025 doit devenir une tendance durable.