Kourou : bras de fer autour d’un centre de stockage des déchets à Wayabo
La colère monte chez les agriculteurs de Wayabo, à Kourou, après l’autorisation préfectorale donnée au groupe Séché Environnement pour l’implantation d’un centre de stockage de déchets non dangereux. Un arrêté du 14 août a validé l’exploitation du site pour 27 ans, relançant une opposition déjà ancienne.
Sur les 4 000 hectares exploités dans cette zone agricole créée en 2005, une centaine d’agriculteurs cultivent fruits et légumes, dont le pitaya, dont plus de 30 tonnes ont été récoltées en 2023. Installés à quelques kilomètres du futur site, ils redoutent une contamination de l’air, des sols et des nappes phréatiques. « Ce projet n’a rien à faire en zone agricole », martèle l’Association kouroucienne des agriculteurs de Wayabo (AKAW), qui dénonce aussi la modification du Plan local d’urbanisme par la mairie pour rendre l’installation possible.
La CACL, compétente en matière de gestion des déchets, n’ayant pas trouvé de terrain dans son périmètre, c’est la mairie de Kourou et la Communauté de communes des Savanes qui ont soutenu Wayabo. Les opposants y voient un choix de facilité. Mais l’urgence est réelle : la décharge des Maringouins doit fermer en 2027 et une solution pérenne s’impose.
Séché Environnement défend pour sa part un projet « concerté » et « respectueux des normes les plus strictes », présenté comme un pôle environnemental capable de structurer la filière de traitement des déchets en Guyane. L’entreprise affirme dialoguer avec les parties prenantes et voit dans cette autorisation « une étape importante ».
L’affaire se joue désormais sur le terrain judiciaire, plusieurs recours étant en cours. Elle illustre la difficulté à concilier impératifs environnementaux et besoins d’infrastructures, mais aussi la défiance persistante des riverains face à des décisions perçues comme imposées d’en haut. Ici, le débat dépasse la seule question technique : il touche à la confiance envers l’État et à l’avenir de l’agriculture locale, pilier d’une Guyane qui veut nourrir sa population sans sacrifier ses terres.
