Les conclusions de l’étude Mataea, menée sur près de 2 000 Polynésiens, dressent un constat alarmant : près de 80 % de la population est en surpoids et plus d’une personne sur deux est obèse. Les chercheurs de l’Institut Louis Malardé rappellent que ces chiffres ne sont pas liés à une fatalité génétique mais aux habitudes alimentaires et au manque d’activité physique. Autrement dit, la clé de la santé est dans l’assiette.
Car sur le marché de Papeete, deux mondes s’opposent. D’un côté, les snacks et les produits transformés attirent par leur rapidité et leur bas prix. De l’autre, fruits, légumes et poissons frais abondent, symboles d’une alimentation saine et équilibrée. Les professionnels de santé insistent : c’est vers ces produits locaux qu’il faut se tourner pour casser la spirale de l’obésité et du diabète.
Des centres spécialisés, comme Te Ora Ora, accompagnent déjà les patients dans un réapprentissage alimentaire. Les témoignages sont parlants : certains, en quelques semaines, voient leur poids baisser et leur énergie remonter simplement en réduisant le sucre, en privilégiant les épices naturelles et en rééquilibrant leurs repas. « On est ce qu’on mange », résume un participant, conscient que sa santé future dépend de ses choix quotidiens.
Le retour aux produits du fenua est donc une priorité. Des initiatives scolaires visent à introduire davantage de légumes, de fruits et de poissons locaux dans les cantines, avec l’objectif d’atteindre 50 % de produits locaux dans l’assiette des élèves. Car la prévention doit commencer dès l’enfance : c’est en éduquant les jeunes générations que la Polynésie pourra inverser la tendance et se libérer de ce fléau sanitaire.
Derrière ce combat, il y a aussi un enjeu de souveraineté alimentaire et d’économie locale : manger local, c’est protéger sa santé, mais aussi soutenir les producteurs du pays. Une leçon simple, mais décisive, face à une crise qui menace non seulement la santé des Polynésiens mais aussi l’avenir de toute la collectivité.