En ce 11 novembre, La Réunion rend hommage à deux pages majeures de son histoire : l’armistice de 1918, marquant la fin de la Première Guerre mondiale, et la fin de l’engagisme, aboli en 1882. Deux commémorations qui rappellent à la fois le sacrifice des Réunionnais pour la France et la mémoire de ceux venus bâtir l’île dans la douleur.
À Saint-Denis, les autorités civiles et militaires, les anciens combattants et les élèves se sont réunis devant le monument aux morts de l’avenue de la Victoire. Le préfet Patrice Latron a salué « le patriotisme des Réunionnais, nombreux à s’engager dans l’armée », rappelant que près de 14 000 d’entre eux furent envoyés au front durant la Grande Guerre, dont un millier ne sont jamais revenus. Un devoir de mémoire essentiel, alors que « la guerre est à nouveau aux portes de l’Europe », a-t-il souligné.
Mais sur l’île, le 11 novembre a aussi une résonance locale et historique : celle de la fin de l’engagisme, cette période d’exploitation post-esclavagiste durant laquelle plus de 200 000 travailleurs venus d’Inde, d’Afrique, de Chine, du Vietnam ou de Rodrigues ont été recrutés pour remplacer les esclaves libérés. Les cérémonies du Lazaret de la Grande Chaloupe et du Grand-Bois, haut lieux de cette mémoire, ont rassemblé plusieurs centaines de personnes venues honorer ces travailleurs dont les conditions furent souvent indignes.
Ainsi, cette journée du souvenir illustre parfaitement le double héritage réunionnais : celui d’une île française pleinement engagée dans la défense de la patrie, mais aussi celui d’un territoire marqué par l’histoire du travail forcé et de la dignité retrouvée. Deux mémoires, deux combats, un seul message : ne jamais oublier ce que la liberté et la fraternité ont coûté à La Réunion et à la France.



