La rumeur avait glacé tout un quartier fin juillet.

Deux familles de Saint-Paul avaient déposé plainte, persuadées que leurs enfants inscrits à la crèche avaient été victimes d’agressions sexuelles commises par un employé.

Un mois plus tard, le parquet de Saint-Denis a tranché : l’enquête est classée sans suite, les infractions « n’apparaissant pas caractérisées ». Les investigations ont conclu que les actes supposés ne pouvaient matériellement pas avoir eu lieu.

La procureure Véronique Denizot a confirmé qu’une garde à vue avait bien été organisée, que la gendarmerie avait mobilisé une cellule dédiée et mis « tous les moyens nécessaires » pour instruire rapidement et complètement l’affaire. L’épilogue judiciaire ne gomme pas la sensibilité du dossier : les familles plaignantes et celles concernées bénéficieront d’un accompagnement via l’association Arajufa, spécialisée dans le soutien aux victimes et aux proches.

Dès le début, la SPL Ti Baba, gestionnaire de plusieurs crèches à Saint-Paul et Trois-Bassins, avait écarté le salarié mis en cause dès le 29 juillet, au lendemain des signalements, afin de préserver la sécurité des enfants et de laisser l’enquête se dérouler dans un climat apaisé.

Ce classement sans suite referme officiellement le volet judiciaire, mais laisse derrière lui un climat de méfiance et de malaise. Dans un univers aussi sensible que celui de la petite enfance, les soupçons, même infondés, suffisent à provoquer un choc durable.

Photo : B. Navez – SEP 2005 / Wikimédia (CC BY-SA 3.0)


Patrice Clech

Journaliste et analyste, il consacre ses travaux aux dynamiques politiques, sociales et culturelles des Outre-mer, qu’il explore avec rigueur et passion.

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