À Saint-Joseph, La Réunion expérimente depuis août une méthode inédite de lutte contre les moustiques vecteurs de la dengue et du chikungunya. Cette technique associe la stérilisation des mâles à l’imprégnation d’un larvicide, avec l’ambition de réduire de 90 % les populations de moustiques sur les zones ciblées. Portée par l’IRD et le Cirad, l’opération s’étendra sur 175 hectares et pourrait, si elle réussit, être déployée dans d’autres territoires ultramarins comme en Guadeloupe, mais aussi dans certaines régions de l’Hexagone.

Une méthode renforcée pour bloquer la transmission

Le principe repose sur la libération de moustiques mâles rendus stériles par irradiation. Incapables de donner une descendance, ils limitent naturellement la reproduction. La nouveauté est l’ajout d’un larvicide, transporté par ces mâles dans les gîtes larvaires, empêchant les œufs de se transformer en adultes. Testée avec succès en Espagne et à La Réunion en 2021, cette stratégie a permis de réduire de 90 % les populations en moins de trois mois. Les chercheurs espèrent désormais obtenir, à grande échelle, une baisse de plus de 80 % des cas de dengue et de chikungunya.

Cette innovation, jugée plus durable et moins nocive que les insecticides traditionnels, suscite déjà l’intérêt de plusieurs municipalités hexagonales. Mais son efficacité et son acceptabilité sociale devront être confirmées. Pour l’heure, la priorité demeure les Outre-mer, où ces maladies menacent directement la santé publique. À La Réunion comme dans les Antilles, l’enjeu est clair : protéger les populations face à des épidémies qui fragilisent la vie quotidienne, l’économie et l’ordre sanitaire.

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