Des centaines de poissons ont été retrouvés morts ces derniers jours sur plusieurs sites du littoral réunionnais, notamment sur la plage de Trou d’eau à Saint Paul, à l’Étang Salé et jusque dans l’est de l’île. Un phénomène préoccupant, qui a conduit les autorités locales à prendre des mesures de précaution, alors que l’origine exacte de cette mortalité reste à ce stade incertaine.
Les premières observations ont été faites le mardi 9 décembre sur la plage de Trou d’eau, l’un des sites les plus fréquentés de l’ouest de l’île. Des poissons de différentes espèces, dont des chirurgiens, demoiselles, nasons, balistes et même une murène, ont été retrouvés sans vie en bord de mer. Alerté dans la journée, un biologiste spécialisé dans les récifs coralliens a rapidement constaté l’ampleur du phénomène, rappelant que des épisodes similaires s’étaient déjà produits par le passé, notamment en 2014, avec des conséquences bien plus massives.
Une situation suivie de près par les autorités
Selon la réserve naturelle marine de La Réunion, environ une centaine de poissons morts ont été recensés dans le lagon de l’ouest. Des épisodes comparables avaient été signalés quelques jours auparavant à l’étang du Gol, à Saint Louis, puis à l’Étang Salé et à Grand Étang, dans l’est de l’île. Cette dispersion géographique renforce les interrogations sur les causes réelles de cette mortalité.
Face à la situation, la mairie de Saint Paul a pris un arrêté d’interdiction de baignade sur un linéaire de près de sept kilomètres, entre la ravine de Trois Bassins et la plage des Brisants. La décision a été motivée par une suspicion de pollution et par la présence d’une odeur jugée inhabituelle dans le secteur. Des analyses ont été commandées afin d’éclaircir l’origine du phénomène, mais les résultats n’étaient pas encore disponibles au moment de la communication officielle.
Des causes naturelles privilégiées, sans certitude
Du côté des gestionnaires de la réserve marine, l’hypothèse d’un phénomène naturel est privilégiée. La hausse des températures de l’eau en ce début d’été austral, combinée à une baisse du taux d’oxygène, pourrait expliquer cette mortalité. Depuis le passage du cyclone Garance en février dernier, une prolifération d’algues a été observée dans le lagon, alimentée par les rejets des ravines, ce qui peut accentuer les phénomènes d’asphyxie.
Les grandes marées basses, l’absence de houle et le faible renouvellement des eaux lagonaires auraient également contribué à créer des conditions défavorables à la faune marine. Si ces éléments sont jugés plausibles par les spécialistes, aucune piste n’est pour l’heure définitivement écartée.
Dans un territoire où le lagon constitue à la fois un patrimoine naturel, un atout touristique majeur et un espace de vie pour la population, la transparence des analyses et la réactivité des pouvoirs publics seront déterminantes. La protection de l’environnement ne peut se concevoir sans une autorité claire, des contrôles rigoureux et une capacité de l’État à faire la lumière rapidement sur des événements qui suscitent légitimement l’inquiétude.



