La lutte contre la drogue s’intensifie à La Réunion. Alors que les opérations se multiplient à l’aéroport Roland-Garros, la police nationale a mené mardi une action ciblée à Saint-Pierre, aboutissant à l’interpellation de six trafiquants et à des saisies importantes. Une démonstration de force saluée par les autorités, dans un contexte où le narcotrafic gangrène le territoire.
Six interpellations et un butin conséquent
Appuyés par le RAID et la brigade cynophile, les policiers ont simultanément investi plusieurs secteurs de la commune. Le chien Sako, spécialisé dans la détection de stupéfiants, a permis de localiser plusieurs caches. L’opération a donné lieu à un bilan significatif : 2,8 kilos d’herbe de cannabis, 6 plants, 90 grammes de cocaïne, 58 grammes de cathinones de synthèse, près de 20 000 euros en numéraire, du matériel audiovisuel, des bijoux, des articles de luxe, cinq voitures et un deux-roues.
Dans un communiqué publié quelques heures plus tard, la Police nationale résumait la situation : « Six personnes interpellées et placées en garde à vue. Environ 20 000 euros saisis. 2,8 kilos d’herbe de cannabis, 6 plants, 90 g de cocaïne, 58 g de cathinones. Divers matériels audiovisuels, bijoux et vêtements de luxe. Le service de police judiciaire de Saint-Pierre poursuit les investigations. »
Cette opération intervient alors que les autorités multiplient les signaux d’alerte. Depuis le début de l’année, plusieurs réseaux ont été démantelés, mais les flux de cocaïne ne faiblissent pas.
Un constat que partage le docteur David Mété, chef du service d’addictologie du CHU de La Réunion. Invité sur Réunion La 1ère, il a rappelé l’ampleur du problème : « Un trafic de cocaïne est tellement lucratif qu’il entraîne de la corruption à tous les niveaux de l’État. » Selon lui, les saisies (42 kilos depuis janvier) ne sont que la partie émergée d’un marché représentant « plusieurs dizaines de millions d’euros » chaque année. Le médecin va plus loin en s’interrogeant sur « l’efficacité des contrôles » menés à Gillot, évoquant même la possibilité de « fuites » profitant aux trafiquants. Une analyse qui contraste avec la communication officielle, mais qui reflète la montée de la consommation sur l’île : aujourd’hui, un tiers des hospitalisations en addictologie concerne la cocaïne. Le préfet Patrice Latron, pour sa part, assure que 2026 marquera un durcissement encore plus net de la répression. Il a lancé cette semaine une campagne visant à dissuader les candidats à jouer les “mules”. Reste à savoir si ces opérations, aussi nécessaires soient-elles, suffiront à enrayer un phénomène désormais profondément enraciné.
La police, elle, promet de maintenir la pression. À Saint-Pierre comme à Gillot, les opérations devraient se poursuivre dans les semaines à venir, signe que l’État entend reconquérir un terrain longtemps laissé au narcotrafic.



