L’aéroport Pierrefonds a annoncé, mardi 16 décembre, l’ouverture prochaine d’une liaison aérienne avec l’Afrique du Sud, au départ de La Réunion. Un accord aurait été conclu avec la compagnie sud africaine Global Airways et un opérateur local récemment créé, pour relier Saint Pierre à Durban. Une annonce présentée comme stratégique, mais qui intervient dans un contexte économique particulièrement dégradé.

Si elle se concrétise, cette liaison constituerait une première pour l’aéroport du Sud, dont les dessertes internationales se limitaient jusqu’ici à l’île Maurice. Le Syndicat mixte de Pierrefonds et son président, Patrice Thien Ah Koon, affirment que ce projet vise à renforcer l’ouverture régionale de La Réunion, soutenir l’attractivité touristique et accompagner le développement économique du territoire. Les modalités précises et le calendrier de mise en œuvre doivent être détaillés lors d’une communication prévue le jeudi 18 décembre.

Une annonce stratégique mais un contexte budgétaire alarmant

Cette initiative soulève néanmoins de sérieuses interrogations. L’aéroport de Pierrefonds est actuellement en redressement judiciaire et cumule environ 13 millions d’euros de dettes. Dans un rapport récent, la chambre régionale des comptes a dressé un constat sévère, évoquant un modèle économique jugé non soutenable et une gouvernance qui doit être réexaminée. L’équipement y est décrit comme un poids lourd pour les finances publiques locales, avec des charges structurellement supérieures aux recettes générées par l’activité commerciale.

Si la juridiction financière reconnaît le caractère indispensable de Pierrefonds comme plateforme de secours pour l’île, elle met en revanche en doute la viabilité de vols commerciaux réguliers, compte tenu d’une fréquentation insuffisante. La chambre régionale des comptes recommande plutôt un recentrage sur l’aviation générale afin d’espérer un équilibre financier plus réaliste.

Dans ce contexte, l’annonce d’une nouvelle ligne internationale apparaît à la fois comme une tentative de relance et comme un pari risqué. Si l’ouverture régionale et l’initiative économique sont des leviers essentiels pour le développement du Sud réunionnais, elles ne sauraient faire l’économie d’une gestion rigoureuse et d’un cadre financier assaini. À l’heure où les collectivités sont appelées à la responsabilité budgétaire, l’avenir de l’aéroport dépendra autant de projets crédibles que de décisions fermes pour restaurer une gouvernance efficace, au service de l’intérêt général et du territoire national.

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