Les fêtes approchent, mais beaucoup de Réunionnais installés dans l’Hexagone devront renoncer aux retrouvailles familiales. En cause : des billets d’avion hors de prix et l’absence d’un véritable dispositif d’aide au retour, contrairement à d’autres territoires français.
Une aide unilatérale : uniquement du DOM vers la métropole
Pour nombre de Réunionnais de métropole, l’espoir de revoir leur île pour Noël s’envole une fois de plus. Un billet entre le 23 décembre et le 4 janvier coûte une somme considérable, entre 1 600 et 2 500 euros par personne.
La cause est connue. Depuis une décision du tribunal administratif de Bordeaux en 2022, la Région Réunion ne peut plus se substituer à l’État pour financer les déplacements entre l’Hexagone et l’île. Résultat : l’aide dite de “continuité territoriale” ne fonctionne qu’à sens unique, de La Réunion vers Paris, jamais dans le sens inverse. Cette aide, pilotée par l’État via LADOM, offre bien 475 euros de réduction à un voyageur résidant à La Réunion dont le quotient familial est inférieur ou égal à 18 000 €. Mais elle ne s’applique qu’aux résidents du territoire ultramarin, pas à ceux qui vivent dans l’Hexagone.
Ainsi, un Réunionnais installé à Lyon, Bordeaux ou Poitiers n’a droit à rien pour rejoindre sa famille au pays, quand un habitant de La Réunion peut bénéficier d’un appui pour se rendre en métropole. À titre de comparaison, un Corse touche 276 euros pour rejoindre le continent. Un Réunionnais, lui, n’obtient… que 16 euros dans les mêmes conditions.
Certains profils bénéficient toutefois d’un soutien limité. Pour les étudiants réunionnais en métropole, la Région a créé le bon de ressourcement, de 400 ou 800 euros selon les revenus familiaux. Mais cette aide ne concerne que les jeunes inscrits dans l’enseignement supérieur et ne couvre qu’un voyage par an. Rien n’existe pour les actifs, familles ou jeunes travailleurs.
Résultat : les Réunionnais de l’Hexagone se retrouvent face à un mur tarifaire au moment où les compagnies aériennes pratiquent leurs prix les plus élevés. Françoise, mère d’un jeune militaire basé à Poitiers, a réussi à faire venir son fils en trouvant un billet à 500 euros le 24 décembre, mais le retour lui coûte 1 100 euros. « C’est mon cadeau de Noël », dit-elle, non sans amertume.
Cette situation rappelle, une fois de plus, la fragilité du principe de continuité territoriale pour les Outre-mer. Si l’État finance la mobilité dans un sens, il laisse des dizaines de milliers de citoyens français installés en métropole sans aucune aide pour rentrer voir les leurs, alors même que l’éloignement géographique est une contrainte structurelle de ces territoires. Un sujet sensible, récurrent, et qui revient chaque année à l’approche des fêtes, sans qu’une solution équitable et pérenne n’ait encore été mise en place.



