Au centre pénitentiaire de Fonds Sarail, à Baie-Mahault, la colère monte parmi les agents pénitentiaires. Confrontés à une surpopulation carcérale record, avec des taux d’occupation avoisinant les 250 %, ils se disent « corvéables à merci ». Faute d’effectifs suffisants, la direction s’appuie depuis des années sur le volontariat pour maintenir le service, mais ce système est à bout de souffle.
En quelques années, les équipes sont passées d’une trentaine de surveillants à une quinzaine seulement pour encadrer le même nombre de détenus. Conséquence directe, les agents enchaînent rappels sur leurs jours de repos, nuits doublées et heures supplémentaires. Le syndicat FO Justice dénonce une inégalité criante entre la Guadeloupe et l’Hexagone : pas de renforts d’élèves, pas de stagiaires, des postes vacants non pourvus et un personnel épuisé par un rythme de travail insoutenable.
La tension s’est encore accrue après un message de la direction annonçant la limitation du paiement des heures supplémentaires, plafonnées à 108 heures par trimestre selon une consigne nationale. Pour FO Justice, c’est la double peine : plus de travail et moins de reconnaissance. « Les agents n’en peuvent plus », alerte le secrétaire régional Alex Canneval, qui estime à 15 le nombre de recrutements indispensables pour ramener un équilibre minimal.
Ce malaise survient dans un contexte d’insécurité croissante. En juin dernier, un surveillant avait été grièvement brûlé à l’eau bouillante par un détenu du quartier psychiatrique. Les syndicats rappellent que ces agressions répétées soulignent l’urgence de mesures fortes. Derrière leur mobilisation, les surveillants de Baie-Mahault lancent un avertissement clair : sans effectifs supplémentaires et sans amélioration des conditions de travail, c’est la continuité même du service public pénitentiaire qui est en jeu en Guadeloupe.