À peine un mois après sa nomination à Matignon, la démission surprise de Sébastien Lecornu a provoqué une onde de choc jusque dans les territoires ultramarins. Lassés par les crises politiques à répétition, plusieurs parlementaires d’Outre-mer appellent désormais à tourner la page Macron.

Une ambiance de « fin de règne”

« Nous assistons à une ambiance de fin de règne pathétique », résume le député guadeloupéen Élie Califer (Socialistes et apparentés). À ses yeux, le pouvoir central s’est enfermé dans une instabilité chronique, incapable de répondre aux urgences sociales dans les territoires.
Le constat est partagé, au-delà des clivages politiques : lassitude, colère et inquiétude dominent. En Guyane, la sénatrice Marie-Laure Phinéra-Horth, pourtant issue du groupe macroniste au Sénat, reconnaît « ne plus voir comment Lecornu aurait pu gouverner ».

Pour nombre d’élus ultramarins, la succession de crises traduit l’épuisement d’un système trop centré sur Paris. « C’est la Macronie effondrée », tranche le député Christian Baptiste, tandis que le Réunionnais Joseph Rivière (Rassemblement national) évoque « un échec de gouvernance que plus personne ne comprend ».

Dissolution ou démission ?

La cacophonie institutionnelle a ravivé les débats sur l’avenir politique du quinquennat. À droite, la demande est claire : rendre la parole aux électeurs. « Nous ne pouvons pas aller de renversement en renversement sans majorité claire », plaide la sénatrice Micheline Jacques (LR, Saint-Barthélemy). « Seule une dissolution peut rétablir la légitimité du pouvoir », renchérit Anchya Bamana, élue RN de Mayotte.

Mais certains, notamment dans les rangs socialistes, vont plus loin : ils réclament la démission pure et simple d’Emmanuel Macron. « Macron doit démissionner », martèle Christian Baptiste. « Il porte l’entière responsabilité du chaos actuel », ajoute la Martiniquaise Béatrice Bellay.

La Réunionnaise Karine Lebon (Gauche démocrate et républicaine) a, avec neuf autres députés ultramarins, signé une proposition de loi visant à réunir le Parlement en Haute Cour pour engager une procédure de destitution.

Des territoires inquiets pour leurs chantiers

Au-delà du tumulte politique, la préoccupation reste concrète : que deviendront les grands chantiers ultramarins sans gouvernement stable ?

À Mayotte, le sénateur Saïd Omar Oili redoute un gel des financements pour la reconstruction post-cyclone : « Sans budget, nos promesses s’évaporent. » Même son de cloche aux Antilles et en Guyane, où la préparation du budget 2026 est jugée cruciale pour maintenir les aides à l’investissement local.

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