Emmanuel Macron entame ce jeudi une nouvelle tournée africaine, avec une première étape hautement symbolique à l’île Maurice. Ce choix n’est pas anodin : à quelques centaines de kilomètres de La Réunion, le président entend réaffirmer la présence française dans une zone stratégique où les ambitions chinoises, indiennes et russes progressent rapidement. Une manière aussi de rappeler que la France n’est pas une puissance « extérieure » dans l’océan Indien elle est une nation riveraine, grâce à ses Outre-mer.
À Port-Louis, le chef de l’État veut mettre en avant une relation « gagnant-gagnant » avec un pays cité comme modèle de réussite économique. Avec un PIB par habitant supérieur à celui de nombreuses nations africaines, Maurice incarne cette trajectoire ascendante dont Paris souhaite être partenaire, notamment dans la transition énergétique, la sécurité maritime et l’innovation. L’AFD y signera d’ailleurs plusieurs accords, preuve que la France continue d’investir là où son action est utile et visible.
Mais cette tournée intervient dans un climat diplomatique complexe : le coup d’État à Madagascar, la méfiance persistante dans certains pays francophones, le recul des parts de marché françaises… autant de signaux que Paris doit rectifier sa trajectoire sans jamais renier ses responsabilités. En rappelant le rôle déterminant des forces françaises dans la sécurisation de la zone — notamment via le bâtiment Champlain, engagé aux côtés des gardes-côtes mauriciens Macron entend réaffirmer que la stabilité régionale dépend aussi de la France.
En Afrique du Sud, au Gabon puis en Angola, le président défendra un modèle de coopération économique recentré sur les entreprises et les projets concrets, loin des vieux fantasmes de « Françafrique ». Une stratégie parfois mal comprise, mais indispensable pour maintenir un lien équilibré dans un continent où les influences se redistribuent rapidement.
Pour les Outre-mer, cette tournée rappelle une évidence trop souvent oubliée dans le débat national : sans La Réunion, Mayotte, la Polynésie ou encore la Nouvelle-Calédonie, la France ne serait qu’une puissance européenne parmi d’autres. Avec eux, elle reste un acteur majeur de l’Indo-Pacifique et du continent africain. Encore faut-il que Paris assume pleinement ce statut et entende la voix de ceux qui, depuis nos territoires ultramarins, vivent chaque jour les défis géopolitiques que cette tournée vient illustrer.



