À Madagascar, les tortues continuent de payer le prix fort de la convoitise humaine.
Entre janvier et juin 2025, près de 1 500 spécimens ont été saisis par les autorités dans huit affaires distinctes, d’après la Turtle Survival Alliance (TSA). Un chiffre presque doublé par rapport à la même période l’an dernier, où 757 individus avaient été interceptés. Le ministère de l’Environnement avance un total légèrement inférieur (910 tortues confisquées), mais toutes les sources convergent : le trafic s’accélère.
Les trafiquants s’adaptent et exploitent désormais les réseaux sociaux pour trouver acheteurs et intermédiaires, ce qui facilite la prolifération du commerce illégal. La saison des pluies, à l’automne, accentue le problème : les tortues sortent pour chercher eau et nourriture et deviennent des proies faciles. Si plusieurs réseaux ont été récemment démantelés, leur démantèlement ne suffit pas à enrayer la machine, avertit la TSA.
Derrière ce commerce, deux marchés alimentent la demande : la consommation de viande et la détention d’animaux de compagnie, particulièrement prisés en Asie. Certaines familles malgaches continuent elles-mêmes de conserver des tortues, malgré l’interdiction stricte. Le problème est aggravé par l’impossibilité d’un recensement fiable des populations sauvages. On sait seulement que la reproduction en captivité est quasi nulle, ce qui précipite leur disparition.
Classées en danger critique d’extinction, les tortues malgaches incarnent la fragilité d’une biodiversité unique au monde. Depuis plus de quinze ans, la TSA multiplie les initiatives de conservation : protection des habitats, suivi des trafics et programmes éducatifs. Dans cet esprit, la 9ᵉ édition du Festival Rebeke, prévue à Tsihombe du 28 au 30 août, sera consacrée à la sensibilisation des habitants. Un rappel qu’au-delà des saisies spectaculaires, c’est la survie même de l’espèce qui se joue.
Illustration : Ligne de Presse (licence : infooutremer.fr)
Patrice Clech
Journaliste et analyste, il consacre ses travaux aux dynamiques politiques, sociales et culturelles des Outre-mer, qu’il explore avec rigueur et passion.