À l’heure du numérique généralisé, l’île de Marie-Galante illustre une fracture technologique préoccupante. Depuis la mi-juillet, de nombreux foyers, notamment à Saint-Louis, se plaignent de coupures répétées et d’une connexion quasi inexistante. Pourtant, la fibre a bien été installée, financée par la Région Guadeloupe avec l’appui de fonds européens. Le problème ne vient donc pas d’un manque d’infrastructures, mais de leur mauvaise exploitation.
Pour des familles comme celle des Selbonne, la panne n’est pas seulement un désagrément, mais un facteur d’angoisse. Leur mère âgée de 87 ans, fragilisée par un AVC, ne peut plus bénéficier de la vidéosurveillance installée pour sa sécurité. Sans téléphone fonctionnel, elle est isolée, coupée de ses enfants. Dans ce contexte, la défaillance du réseau devient une menace directe pour la santé et la dignité des plus vulnérables.
Sur le terrain, les techniciens expliquent que l’entretien de la fibre est entravé par des obstacles matériels, comme la végétation envahissante. Les câbles s’emmêlent aux arbres, compliquant les installations aériennes. La responsabilité se partage entre Guadeloupe Digital, chargé du déploiement, et les propriétaires des terrains concernés, qui doivent procéder à l’élagage. Mais le manque de coordination retarde les réparations, laissant les usagers dans l’attente.
Ce dysfonctionnement met en lumière une contradiction : la fibre est vantée comme une avancée pour l’égalité numérique, mais dans les faits, elle reste inaccessible à ceux qui en ont le plus besoin. Pour les habitants de Marie-Galante, la promesse de la modernité se heurte à la réalité d’une gestion lacunaire. Une meilleure coordination entre opérateurs, collectivités et propriétaires fonciers s’impose, faute de quoi l’île continuera de subir une exclusion numérique indigne de la République.



