Depuis près de trois semaines, l’île de Marie-Galante fait face à une pénurie de gaz domestique qui perturbe le quotidien des habitants et menace les restaurateurs à la veille de la saison touristique. En cause, un différend financier entre le transporteur local et le fournisseur Sodexgaz, basé en Guadeloupe. Trois cages de bouteilles vides sont toujours bloquées sur le port de Jarry, faute de règlement des factures impayées.
Le montant de la dette, estimé à plusieurs dizaines de milliers d’euros, correspond à deux mois d’arriérés. Le transporteur marie-galantais reconnaît ses difficultés et dénonce des tarifs de fret trop bas pour couvrir ses charges. « Mon tarif est inférieur à celui des transporteurs de Guadeloupe alors que je paie plus cher pour l’acheminement maritime. Je veux payer, mais je ne peux plus travailler », confie M. Lucien Siroy. De son côté, le fournisseur Sodexgaz dit vouloir maintenir la collaboration mais exige un plan de règlement avant toute nouvelle livraison.
Une économie insulaire fragilisée
Ce bras de fer met une fois de plus en lumière la fragilité logistique et économique des petites îles françaises. Faute d’alternative, le gaz ne peut être transporté par voie classique, classé en matière dangereuse. Conséquence : les stations et commerces sont à sec, les restaurateurs improvisent. À Capesterre, Robert Lambourde, dit « Pa pèd tan », tente de sauver sa saison. « On pensait revivre après les sargasses. Maintenant, on manque de gaz pour cuisiner. C’est décourageant. »
Le fournisseur a proposé une livraison exceptionnelle de 500 bouteilles, sous condition de paiement immédiat, pour éviter une rupture totale d’approvisionnement. Mais la situation reste bloquée. À l’approche des vacances de la Toussaint, les professionnels craignent que l’île ne se retrouve une nouvelle fois victime de sa dépendance logistique. Une crise qui relance la question d’une gestion plus prévisible et d’un véritable soutien aux entreprises locales confrontées au surcoût de l’insularité.



