Martinique : la prostitution des mineures progresse, les associations tirent la sonnette d’alarme
En partenariat avec les Hôtels Karibea
Une enquête récente et les alertes répétées d’acteurs de terrain confirment un phénomène aussi tabou qu’inquiétant : en Martinique, de plus en plus d’adolescentes glissent vers des comportements prostitutionnels, souvent sous l’effet de la précarité, des pressions sociales et de l’hypersexualisation en ligne. Un enjeu majeur de protection des mineurs, trop longtemps minimisé, qui prend désormais une ampleur préoccupante.
Une spirale alimentée par la précarité et les réseaux sociaux
Les constats issus de la note du CÉSECÉM et des associations comme le Mouvement du Nid sont sans ambiguïté : des jeunes filles, parfois mineures, acceptent des relations sexuelles contre de l’argent… ou, plus grave encore, simplement contre un repas. D’autres, âgées de moins de 20 ans, se prostituent via des réseaux sociaux ou des plateformes dites « spécialisées », sous couvert d’anonymat.
Derrière ces pratiques, un cocktail de vulnérabilités bien identifié : familles fragilisées, isolement, quête d’estime de soi, influence des contenus sexualisés en ligne, et une facilité déconcertante à entrer en contact avec des adultes prédateurs. Une réalité insulaire dure où la crise économique a accentué la détresse et les comportements à risque. Pour les acteurs du terrain, il ne s’agit plus d’un phénomène marginal, mais d’une tendance lourde qui gagne du terrain, malgré les efforts de prévention.
Une mobilisation qui s’intensifie, mais qui reste insuffisante
Face à ce fléau, le Mouvement du Nid mène une campagne offensive. Sa mini-série fiction « Si mwen té sav », diffusée à destination des jeunes Martiniquais, met en scène des situations inspirées du réel : proxénétisme numérique, manipulation affective, pressions financières ou sentimentales. L’objectif, lever le voile sur les risques, défaire les fausses croyances et donner des clés pour dire non. Pour autant, les associations manquent encore de moyens face à un phénomène mouvant, dématérialisé, parfois invisible. Et si l’accompagnement progresse, l’ampleur du problème nécessite un sursaut collectif, notamment en matière de justice, d’éducation et de protection de l’enfance.
Dans une société martiniquaise où la parole reste difficile sur ces enjeux, le tabou doit enfin céder devant l’urgence : protéger nos jeunes, saisir les prédateurs, et offrir des alternatives concrètes à celles qui tombent dans le piège de la prostitution par besoin, par contrainte ou par illusion. Un combat de santé publique, mais aussi un impératif moral.
