La Martinique perd l’un de ses grands passeurs de culture. Marcel Jupiter, maître reconnu du bèlè et musicien emblématique, est décédé mardi 16 décembre à l’âge de 72 ans. Il laisse derrière lui un héritage artistique profond, intimement lié à l’histoire, à la transmission et à l’enracinement culturel de l’île.
Né le 6 mars 1953 dans le quartier Bezaudin à Sainte Marie, Marcel Jupiter s’est très tôt tourné vers le tambour, instrument central du bèlè. Dès l’âge de 9 ans, il s’y consacre avec passion. À 16 ans seulement, il participe à sa première soirée bèlè, entamant un parcours qui fera de lui, pendant de nombreuses années, le plus jeune maître du genre. Il aimait rappeler que le bèlè était toute sa vie et que son tambour représentait sa « seconde femme », tant le lien avec cet instrument de résistance et de mémoire était fort.
Un engagement culturel au service de la transmission
Victime d’un accident vasculaire cérébral en 2012, Marcel Jupiter avait dû réduire ses apparitions publiques. Contraint d’abandonner progressivement le tambour, il s’était alors tourné vers le chant, poursuivant autrement son engagement artistique et sa volonté de transmission. Malgré une présence plus discrète ces dernières années, son influence est restée intacte dans le monde du bèlè et bien au-delà.
Marcel Jupiter incarnait une culture vivante, transmise sans rupture, inscrite dans la continuité historique de la Martinique et pleinement intégrée au patrimoine national. Son parcours illustre la force des traditions lorsqu’elles sont portées avec rigueur, humilité et fidélité à leurs racines.
Une veillée culturelle en son hommage se tiendra le dimanche 21 décembre, de 17 heures à 23 heures, à la Maison du bèlè. Les obsèques seront célébrées le lundi 22 décembre à 15 heures en l’église Notre Dame de l’Assomption de Sainte Marie. Avec sa disparition, c’est une voix majeure de la culture martiniquaise qui s’éteint, mais dont l’héritage continuera de vivre à travers celles et ceux qu’il a formés et inspirés.



