Dans la baie du Marin, un voilier à deux mâts laissé à l’abandon depuis des mois fait peser une menace environnementale sérieuse. L’embarcation, en état de dégradation avancée, pourrait sombrer à tout moment avec à son bord près de 300 litres de gazole. Une pollution majeure guette l’un des sites nautiques les plus emblématiques de Martinique, dans une indifférence administrative qui interroge.
Face à cette situation, l’association Ecol’eau Madinina pallie, seule, les carences de la puissance publique. Son président, Alain Lacour, assure une veille quotidienne pour empêcher le naufrage, pompant manuellement l’eau qui s’accumule dans la coque. Une mission de fortune, coûteuse et épuisante, menée sans moyens financiers ni logistiques suffisants, alors même que le problème est connu de toutes les autorités compétentes.
Le cas de ce voilier n’est malheureusement pas isolé. La baie du Marin voit se multiplier les épaves flottantes, symboles d’un laisser-aller préoccupant dans la gestion maritime. Derrière le discours écologique souvent brandi, les actes concrets tardent, laissant des bénévoles assumer seuls des responsabilités qui relèvent pourtant clairement de l’État et des collectivités.
Cette situation révèle une fois de plus un dysfonctionnement structurel : trop souvent, dans les Outre-mer, la protection de l’environnement repose sur la bonne volonté associative plutôt que sur une action publique ferme et coordonnée. Préserver les lagons, les baies et les côtes martiniquaises n’est pas un luxe militant, c’est un impératif national. La France ne peut revendiquer une ambition écologique crédible tout en abandonnant ses territoires ultramarins à ce type de menaces évitables.



