Le nouveau rapport parlementaire consacré à la place des outremer dans la diplomatie française confirme ce que les Mahorais savent depuis longtemps : Mayotte est un territoire stratégique, mais aussi un territoire sous pression. Unique département français revendiqué par un État voisin, elle oblige la France à articuler diplomatie, sécurité et développement dans un environnement régional parfois hostile.

Cette situation singulière explique l’importance donnée à la coopération régionale depuis la loi Letchimy de 2016, qui permet aux collectivités ultramarines de conclure des conventions avec des États étrangers. Si d’autres territoires ont avancé prudemment, Mayotte, confrontée quotidiennement à l’immigration irrégulière et aux revendications comoriennes, s’en est emparée avec détermination. Le rapport, co-rédigé par la députée Anchya Bamana, souligne que réaffirmer la souveraineté française reste la priorité numéro un.

Un territoire isolé face aux revendications et aux humiliations régionales

Malgré l’engagement de l’État, la diplomatie régionale reste entravée. L’exclusion de Mayotte de la Commission de l’océan Indien, l’interdiction d’arborer drapeau et hymne lors des Jeux des îles ou encore la prudence gênée des voisins africains illustrent une forme de solidarité régionale contre la présence française. Comme le note le préfet François-Xavier Bieuville, nombre de partenaires préfèrent éviter de « prendre position » pour la souveraineté française. À cela s’ajoute une pression migratoire massive, alimentée non seulement par les Comores, mais aussi par l’Afrique des Grands Lacs, dans un contexte d’absence d’accords de réadmission.

Pour tenter de sortir de cet isolement, la France et le Département de Mayotte ont créé un comité pour l’insertion régionale. Des partenariats émergent avec le Mozambique, la Tanzanie ou le Kenya, portés notamment par le programme Interreg Canal du Mozambique. Sur le plan culturel, les échanges se multiplient, et l’idée d’un Erasmus de l’océan Indien est sérieusement étudiée afin d’ancrer davantage la jeunesse mahoraise dans son environnement régional, sans jamais remettre en cause l’appartenance pleine et entière du territoire à la République.

Ingérences étrangères : un terrain surveillé

Le rapport insiste également sur les tentatives d’ingérences étrangères. Certains groupes proches de régimes hostiles à la France, comme le Baku Initiative Group, cherchent à instrumentaliser la situation de Mayotte pour diffuser un récit post-colonialiste mensonger. Même si Viginum juge leur impact limité, ces opérations témoignent de l’intérêt croissant d’acteurs extérieurs pour l’océan Indien, où la France défend non seulement un territoire, mais aussi une position stratégique essentielle à la stabilité régionale.

Dans ce contexte géopolitique complexe, Mayotte reste un pilier de la présence française dans le canal du Mozambique, un espace disputé où transitent trafics, rivalités d’influence et voies maritimes incontournables. Pour les rapporteurs, la diplomatie française doit donc s’appuyer davantage sur les collectivités ultramarines, tout en renforçant les moyens de l’État à Mayotte, afin de consolider la souveraineté, protéger les habitants et stabiliser durablement la région.

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