À Mayotte, la reconstruction après le cyclone Chido passe aussi par les cocotiers. Presque tous ont été déracinés ou brisés par les vents, emportant avec eux une part du paysage et de la culture locale. Pour relancer cette filière essentielle à l’alimentation et à l’artisanat, la Chambre d’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte s’est tournée vers la Polynésie.
Solidarité entre îles françaises
Quarante mille noix germées venues de l’atoll de Pukapuka, dans l’archipel des Tuamotu, vont être expédiées à Mayotte. C’est un don du gouvernement polynésien, fruit d’une coopération coordonnée par le Cirad. Les premiers conteneurs réfrigérés quitteront Tahiti dans les prochains mois, via Le Havre, avant de rejoindre l’océan Indien. Une traversée de deux mois, coûteuse (environ 60 000 euros) mais pourtant indispensable pour préserver la qualité des noix.
Cette solidarité entre îles françaises illustre une chaîne d’entraide rare dans le monde ultramarin. Pour les Mahorais, c’est un geste fort. Le cocotier n’est pas qu’un arbre : c’est une ressource alimentaire, un repère culturel et un marqueur d’identité. Le lait et la chair de coco restent au cœur de la cuisine locale, et leurs dérivés soutiennent des centaines de petites exploitations.
Les 40 000 noix polynésiennes ne suffiront pas à couvrir les besoins estimés à 350 000 plants, mais elles symbolisent un nouveau départ. D’autres importations, notamment depuis l’Inde, sont envisagées. La Polynésie, exempte de maladies du cocotier contrairement à Madagascar ou aux Comores, offre une garantie sanitaire précieuse.
Au-delà de l’opération agricole, ce projet incarne une certaine idée de la reconstruction : celle d’une France d’outre-mer unie, où les territoires se soutiennent entre eux pour préserver leur autonomie, leur patrimoine et leur capacité à nourrir leur population.