Une enquête publiée par StreetPress met en lumière de graves dysfonctionnements dans la chambre mortuaire du Centre hospitalier de Mayotte, suscitant indignation et inquiétude parmi les familles endeuillées. Selon le média d’investigation, certaines dépouilles auraient été conservées dans des conditions indignes, entraînant des dégradations importantes. Des cas qui ont conduit le parquet à ouvrir une enquête pour atteinte à l’intégrité d’un cadavre, un fait extrêmement rare et particulièrement grave.
L’affaire la plus marquante concerne le corps d’une fillette décédée dans un accident de voiture. Restitué à sa famille dix-huit jours après le décès, le corps aurait été retrouvé « dans un état de décomposition avancée ». Le CHM aurait invoqué un « protocole Chido » pour retarder la restitution, un argument jugé incompréhensible par les proches. Une situation d’autant plus choquante que la chambre mortuaire concernée est récente : elle n’a été inaugurée qu’en décembre 2024.
Et ce ne serait pas un cas isolé. En février 2025, un entrepreneur funéraire a découvert le corps d’une femme placé dans un congélateur hors de tout protocole officiel. Là encore, des éléments rapportés par StreetPress ont conduit la justice à s’emparer du dossier. À Mayotte, territoire déjà fragilisé par les tensions sociales et la pression démographique, ces révélations nourrissent le sentiment d’un service public hospitalier débordé, parfois défaillant, et laissé seul face à une situation hors norme.
Interrogée par Mayotte la 1ère, Arlette Bompoint, cadre de santé du CHM, affirme pourtant que la chambre mortuaire est « aux normes ». Elle rappelle que certains corps arrivent déjà dégradés et que, selon les procédures officielles, les dépouilles ne devraient pas rester plus de dix jours en chambre mortuaire. Mais concernant les cas cités dans l’enquête, elle se refuse à tout commentaire, une procédure judiciaire étant en cours.
Ces dysfonctionnements, s’ils sont avérés, appellent une réponse ferme, claire et structurée. Le respect dû aux défunts et à leurs familles n’est pas négociable : il s’agit d’un principe fondamental de dignité humaine, au cœur des valeurs républicaines. Mayotte mérite un service hospitalier à la hauteur de ses besoins, de sa population et de son statut départemental. Cette affaire doit donc être l’occasion non seulement de faire toute la lumière, mais aussi de renforcer durablement les moyens et l’organisation du CHM pour que jamais la douleur des familles ne soit aggravée par des manquements évitables.



