À Mayotte, l’Insee lance ce jeudi une opération que l’on peut qualifier d’historique : un recensement exhaustif, exceptionnel, destiné à mettre fin à des années de spéculations sur le nombre réel d’habitants du 101ᵉ département français. Après le cyclone Chido, qui a bouleversé l’île et déplacé des milliers de personnes, cette démarche était devenue indispensable pour rétablir un cadre clair, fiable et partagé.
Pendant près de deux mois, 700 agents recenseurs vont arpenter chaque recoin de l’île, y compris les bidonvilles et les constructions en tôle souvent ignorées par les discours politiciens. Contrairement à certaines accusations locales, l’Insee n’entend oublier personne : 65 000 bâtis d’habitation ont été identifiés, validés par les communes et seront visités un par un, en interview directe, pour contourner les difficultés d’accès au numérique.
Cette opération vise aussi à répondre aux polémiques récurrentes sur la démographie mahoraise. Depuis des années, certains élus affirment que Mayotte compterait jusqu’à 500 000 habitants, chiffres fantaisistes qui servent trop souvent de carburant politique pour justifier tous les maux du territoire. L’Insee, de son côté, maintient une estimation solide : 321 000 habitants au 1er janvier 2024, vérifiée par des indicateurs objectifs comme la consommation alimentaire ou le nombre de cartes SIM actives.
Face aux contestations, l’État choisit la méthode, la rigueur et la transparence plutôt que l’agit-prop. Ce recensement, estimé à deux millions d’euros, permettra enfin de clore un débat instrumentalisé qui fragilise le lien de confiance entre Mayotte et la Nation. Les premiers résultats sont attendus à l’été 2026. Une chose est sûre : la France assume ses responsabilités et apporte des faits là où certains préfèrent les slogans.



