Les incendies n’ont jamais été aussi nombreux à Mayotte. Depuis janvier, 288 hectares sont partis en fumée, selon les dernières données publiées par la préfecture le 27 octobre 2025, un record porté par la multiplication des feux agricoles illégaux et la sécheresse persistante. Cette pression accrue fragilise encore un territoire déjà meurtri par le cyclone Chido puis la tempête Dikeledi, qui ont lourdement touché les milieux naturels en début d’année.

Des équipes mobilisées sur un terrain difficile

Du 8 au 16 octobre, les inspecteurs de l’environnement, renforcés par la brigade mobile d’intervention, ont mené une opération coup de poing dans les massifs les plus exposés. En sept jours, ils ont parcouru 116 km et 4 750 m de dénivelé, multipliant les contrôles et déjouant plusieurs tentatives d’allumage. Cette présence continue s’est traduite par 49 procédures, dont 33 amendes forfaitaires et 13 interpellations, démontrant l’ampleur des pratiques illégales et la nécessité d’un contrôle renforcé sur l’île.

Les massifs les plus touchés illustrent l’urgence : plus de 52 hectares brûlés à Combani, plus de 42 hectares à Majimbini-Madjabalini, et de vastes zones endommagées sur les hauteurs de Sohoa, Bénéra, Dziani Bolé ou Tchaourembo. Au-delà des arbres, c’est l’ensemble du cycle naturel qui vacille : sols érodés, ravines fragilisées, sédiments charriés vers le lagon où coraux et herbiers en subissent déjà les conséquences.

Face à cette situation, l’État, le Département, l’ONF, la DEETS et la Fondation de France ont lancé un dispositif d’envergure pour rouvrir les forêts, nettoyer les sentiers et restaurer les zones dévastées. Les associations mahoraises sont appelées à participer à ce chantier de terrain, qui doit permettre à la fois de sécuriser les massifs et de préparer de futures replantations dans les secteurs les plus vulnérables.

Ces opérations viennent compléter le travail quotidien des pompiers et des forces de l’ordre : 325 interventions pour feux de végétation ont été recensées depuis le début de l’année. La DAAF poursuit en parallèle ses actions de prévention auprès des agriculteurs, rappelant que la culture sur brûlis reste strictement encadrée et que les autorisations officielles, très rares, ne couvrent en rien les incendies observés depuis des mois.

À Mayotte, où se concentre une grande part de la biodiversité française ultramarine, la lutte contre les feux n’est pas seulement un impératif écologique : c’est une condition de stabilité pour les terres, pour les villages et pour l’avenir du territoire. Une bataille qui exige l’engagement de tous.

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