À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, les autorités sanitaires de Mayotte ont rappelé une réalité alarmante : l’île reste l’un des territoires les plus touchés de France, et le sous-dépistage continue d’alimenter la progression du virus. Réunis à Cavani M’tsapéré, le Centre hospitalier de Mayotte, l’ARS, Santé publique France et l’association Nariké Msada ont détaillé une situation qui exige plus que jamais rigueur, organisation et responsabilité collective.
Avec cinq résultats positifs pour 1 000 tests cinq fois la moyenne nationale Mayotte souffre d’un dépistage trop faible, en particulier chez les jeunes et les publics en grande précarité. Le docteur Mamadou Niang, chef du service des maladies infectieuses du CHM, insiste : les moyens existent, les traitements sont disponibles, et les patients bénéficient d’une prise en charge complète. Pourtant, 30 % des personnes testées découvrent leur séropositivité à un stade déjà avancé, limitant l’efficacité des soins et compliquant les parcours de santé.
La progression du virus illustre une réalité plus profonde : lorsque le dépistage ne suit pas, lorsque l’accès aux soins est entravé par des situations sociales chaotiques, c’est l’ensemble du territoire qui se retrouve fragilisé. Environ 650 personnes vivent actuellement avec le VIH à Mayotte, et près de 20 nouveaux cas sont recensés chaque mois. Des chiffres qui ne relèvent ni de la fatalité ni de la stigmatisation, mais d’un impératif de santé publique.
Les acteurs locaux appellent donc à renforcer le dépistage hors hôpital, à intensifier la prévention auprès des jeunes et à mieux accompagner les personnes en situation de vulnérabilité. Une démarche qui rappelle que Mayotte, 101ᵉ département de la République, doit bénéficier des mêmes exigences et des mêmes réflexes sanitaires que le reste du pays. Le VIH circule encore, mais ses conséquences ne sont pas une fatalité à condition de jouer pleinement la carte de la prévention, de la responsabilité et du lien républicain qui garantit l’accès aux soins pour tous.



