Mayotte s’apprête à accueillir, les 15 et 16 décembre, un vaste colloque scientifique consacré aux enseignements du cyclone Chido. Organisée à l’hémicycle Younoussa-Bamana par le conseil départemental et coordonnée par le maître de conférences Thomas M’Saïdié, cette rencontre réunira juristes, économistes, écologues et spécialistes des Outre-mer afin d’analyser, point par point, ce que la catastrophe du 14 décembre 2024 a révélé des fragilités de l’île. L’objectif est clair : faire en sorte que Mayotte soit mieux armée face aux prochaines crises naturelles, qu’elles soient cycloniques ou sismiques.

Un territoire encore insuffisamment préparé

Intervenant en ouverture, le président du conseil départemental, Ben Issa Ousseni, rappelle que Chido a mis en lumière « un territoire qui n’était pas suffisamment préparé ». La gestion de l’eau, la vulnérabilité des infrastructures, la dépendance logistique et la lenteur des dispositifs d’alerte ont pesé lourd lors de la catastrophe. La tempête Dikeledi, survenue à peine un mois plus tard, a confirmé ces lacunes. D’où l’urgence d’un travail approfondi pour renforcer la résilience de l’île et consolider les outils de réponse de l’État.

Tout au long de la première journée, les universitaires s’intéresseront à l’impact social, économique et territorial de Chido : dégâts matériels, effets sur la population mahoraise, perturbations économiques, et surtout tensions autour de la gestion de l’eau, déjà structurellement fragile. Les chercheurs interrogeront également les capacités d’adaptation du territoire face à la répétition des crises climatiques, dans un contexte où Mayotte reste l’un des départements français les plus exposés.

Repenses juridiques, institutionnelles et géopolitiques

L’après-midi sera consacrée aux réponses institutionnelles et aux dispositifs législatifs adoptés dans l’urgence, notamment la loi du 24 février 2025 et la loi de programmation du 11 août. L’enjeu sera de juger de leur cohérence et de leur efficacité réelle. Les intervenants aborderont aussi les questions statutaires, comme l’identité institutionnelle de Mayotte dans la République et les revendications récurrentes des Comores, relancées après Chido. Autant de sujets qui imposent une vigilance politique et juridique permanente.

La seconde journée élargira l’analyse en comparant Mayotte à d’autres territoires ultramarins et européens. Des spécialistes de Saint-Martin, de La Réunion ou encore de l’Italie et de l’Espagne viendront partager leurs expériences de gestion des catastrophes. Une attention particulière sera accordée à la coopération régionale dans l’océan Indien et à la place de l’Union européenne dans le soutien aux Outre-mer. Pour Mayotte, département français, ces solidarités doivent être pleinement mobilisées.

Vers une véritable refondation de la politique de gestion des risques

Le colloque se clôturera sur une synthèse visant à tracer des pistes opérationnelles pour une refondation durable. L’idée : que les crises successives deviennent enfin un levier de modernisation du territoire, et non une suite de réponses ponctuelles. Renforcement des infrastructures, doctrine d’intervention clarifiée, meilleur partage des responsabilités entre l’État et les collectivités… autant de chantiers que les chercheurs entendent éclairer.

Pour Mayotte, cet exercice de réflexion collective marque une étape essentielle. Chido a rappelé la nécessité de protéger pleinement ce territoire français exposé en première ligne. Reste désormais à transformer ces analyses en décisions concrètes, afin que l’île soit mieux préparée et plus sûre lorsque surviendra le prochain épisode climatique majeur.

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