Après plus de trois décennies passées à la tête de Sainte-Suzanne, Maurice Gironcel a annoncé qu’il ne se représenterait pas aux municipales de 2026. Le maire PCR (Parti communiste réunionnais) de 77 ans met ainsi fin à un long cycle politique dans l’un des derniers bastions communistes de La Réunion. L’annonce a été faite lundi 1er décembre, mettant un terme à un suspense qu’il entretenait depuis plusieurs mois.

Le maire sortant affirme vouloir « passer la main à une équipe plus jeune », tout en appelant à « l’union des forces de gauche et de progrès » pour conserver la commune. Il renvoie la désignation de son successeur à une réunion prévue le 15 décembre, au cours de laquelle doivent être présentés la tête de liste et les premiers colistiers. A ce stade, aucun nom n’a été officiellement adoubé, ce qui laisse ouverte la bataille interne pour la succession.

Une sortie sous pression judiciaire et sur fond de divisions à gauche

Maurice Gironcel assure que sa décision n’est pas dictée par ses déboires judiciaires récents. Le 25 septembre, il a été condamné dans l’affaire du Sidélec à cinq ans de prison et cinq ans d’inéligibilité. Il a fait appel et conteste devant le tribunal administratif la décision du préfet lui demandant de démissionner d’office. Il souligne qu’en l’état, ses recours étant suspensifs, il aurait pu se représenter, mais dit choisir une « transition politique » vers la jeunesse.

Dans son camp, l’appel à l’union masque mal les tensions. Maurice Gironcel vise clairement certains responsables de gauche qui ont déjà lancé leur propre candidature sans concertation. Il met en garde contre les listes dissidentes, estimant que ceux qui partiraient « seuls » risquent de se retrouver isolés « en fin de parcours ». L’enjeu est de taille pour le PCR, qui joue sa survie municipale sur un territoire symbolique.

Après son arrivée à la mairie en 1993 à la suite du décès de Lucet Langenier, Maurice Gironcel a quasiment régné sans discontinuer sur Sainte-Suzanne, à l’exception d’une parenthèse entre 2009 et 2012. Au-delà de son mandat municipal, il a aussi occupé plusieurs fonctions stratégiques, notamment à la CINOR et au Sidélec, souvent au cœur des rapports de force politiques locaux. Avec son retrait annoncé, c’est une figure historique du communisme réunionnais qui se retire des premières lignes, laissant ouverte la question de la recomposition politique à Sainte-Suzanne à l’approche des municipales de 2026.

Privacy Preference Center