La ministre des Outre-mer Naïma Moutchou débarque samedi à Mayotte pour une visite très attendue, un an après le cyclone Chido. Auditionnée mercredi par la commission des lois, elle a défendu les crédits alloués au territoire et posé une ligne claire : constater, comprendre, et lever les freins qui empêchent la reconstruction d’avancer au rythme promis par l’État.
Une visite sous tension dans un département frappé par les crises
D’emblée, la ministre a rappelé que Mayotte représentait “une urgence absolue”, assurant que “les crédits ont été sécurisés et sanctuarisés”, avec 550 millions d’euros d’autorisations d’engagement, auxquels s’ajoutent 180 millions supplémentaires. Mais au-delà des chiffres, Naïma Moutchou veut vérifier la réalité du terrain : “Je ne dis pas que tout va bien. Ce que je veux, c’est savoir ce qui bloque et ce qui freine la reconstruction.”
Le décor est planté par les députées mahoraises Anchya Bamana (RN) et Estelle Youssouffa (LIOT), qui ont décrit une île toujours fragilisée : coupures d’eau prolongées, déchets omniprésents, violences urbaines, pression migratoire constante. Un tableau dur, mais fidèle au quotidien des Mahorais. Pour la députée Anchya Bamana, l’État doit trancher : “continuité du désastre ou sursaut d’autorité”.
La ministre, elle, promet d’aller voir “de [ses] yeux” les installations hydrauliques et les chantiers prioritaires, en particulier la future usine de dessalement d’Ironi Bé, dont la mise en service en 2027 “ne doit accuser aucun retard”. Une exigence minimale pour un territoire où l’eau reste un problème vital et symbolique.
Immigration, taxe carbone et sécurité : Moutchou défend la ligne gouvernementale
Face aux critiques récurrentes sur la lutte contre l’immigration clandestine, Naïma Moutchou avance des chiffres : 70 OQTF délivrées par jour, renforcement des moyens de surveillance, nouveaux radars, drones capables de scruter les côtes. Une réponse que les élus locaux jugeront sur preuve, alors que les arrivées de kwassas continuent de mettre à l’épreuve la souveraineté française à Mayotte.
Sur le front économique, la ministre a aussi réagi à la mise en œuvre prochaine de la taxe carbone européenne (MACF), qui menace les importations ultramarines. Elle a assuré avoir saisi la Commission européenne afin de défendre une exemption ou une adaptation spécifique pour les Outre-mer.
Au final, cette audition aura rappelé l’essentiel : Mayotte attend moins de nouvelles promesses que de la fermeté, de la clarté et des résultats. En se rendant sur l’île, Naïma Moutchou joue une partie décisive : prouver que l’État est capable, ou non, de tenir parole et de replacer la reconstruction de Mayotte au rang de priorité nationale.



