C’est une bonne nouvelle pour la France ultramarine. Naïma Moutchou, députée d’Horizons, avocate de formation, ancienne vice-présidente de la LICRA, devient ministre des Outre-mer. Elle succède à Manuel Valls, dont le passage rue Oudinot aura laissé plus d’amertume que d’avancées, notamment avec sa malheureuse « loi sur la vie chère », texte technocratique et socialisant qui allait figer les blocages économiques au lieu de libérer les forces productives locales.
Femme de droite assumée, ancrée dans les valeurs républicaines, Naïma Moutchou incarne un profil rare : celui d’une responsable politique capable de conjuguer mémoire et fermeté. Issue d’une famille d’origine marocaine modeste, passée par le barreau de Paris, elle connaît les réalités sociales, les questions de discrimination, de mémoire et de cohésion nationale. Son engagement ancien à la LICRA témoigne d’une sensibilité historique et humaniste qui manquait parfois dans la gestion des Outre-mer, marquée par des décennies de culpabilisation plutôt que de valorisation.
Mais au-delà du symbole, l’heure est au courage politique. La nouvelle ministre hérite d’un champ de mines. En Nouvelle-Calédonie, l’accord de Bougival, arraché par Manuel Valls, s’est déjà effrité, les indépendantistes du FLNKS s’en étant retirés. La situation reste explosive, et seule une main ferme, capable de dialogue mais aussi d’autorité, pourra pacifier durablement l’archipel. À Mayotte, la reconstruction post-cyclone s’enlise ; aux Antilles, la demande d’autorité est forte dans une population profondément attachée à la France et victime des surenchères autonomistes et populistes d’élus démagogues.
Le grand défi de Naïma Moutchou sera donc double : effacer les erreurs d’un Valls trop jacobin et trop socialiste, et redonner souffle à des territoires épuisés par les promesses non tenues. Espérons qu’elle osera enterrer définitivement la loi sur la vie chère, ce monument d’inefficacité économique, pour lui substituer une vraie politique de croissance, de défiscalisation et de liberté d’entreprendre.
Mais a-t-elle les reins solides pour résister à la pression des lobbys, des corporatismes et des états-majors politiques ? Sera-t-elle la femme d’action que les Outre-mer attendent depuis tant d’années ? Si elle y parvient, Naïma Moutchou marquera la fin d’un cycle : celui des ministres des Outre-mer qui parlent beaucoup, dépensent trop, et changent peu.
Radouan Kourak et Michel Taube



