Emmanuel Macron a convoqué ce mardi à l’Élysée une réunion de crise entièrement dédiée au narcotrafic, présenté comme une « grande cause nationale ». Une déclaration forte, mais qui appelle désormais des résultats concrets, notamment pour les territoires ultramarins où le phénomène explose depuis plusieurs années. Alors que s’ouvre le 107ᵉ Congrès des maires de France, les élus d’Outre-mer rappellent qu’ils sont les premiers exposés mais trop souvent les derniers servis.
Antilles-Guyane : un front avancé contre les cartels
Depuis des mois, les Antilles, la Guyane et Mayotte alertent sur une situation devenue intenable. Les réseaux criminels internationaux utilisent les ports et les aéroports ultramarins comme portes d’entrée vers l’Europe. Les communes, déjà fragilisées par la crise sociale, doivent gérer l’emprise croissante des gangs, les règlements de comptes et la diffusion massive de cocaïne. Au Congrès des maires, de nombreux édiles ultramarins ont rappelé que le narcotrafic est désormais un défi quotidien, qui mine la sécurité, l’économie et la cohésion sociale.
À l’Élysée, le chef de l’État a demandé une stratégie inspirée de la lutte antiterroriste. L’exécutif promet une coordination renforcée entre police, gendarmerie, douanes, justice et services de renseignement. Un parquet national anticriminalité organisée doit être installé dès le 1ᵉʳ janvier 2026. Une coopération plus étroite est annoncée avec les pays voisins, en particulier ceux d’Amérique latine et de la Caraïbe. Une fois encore, les annonces sont nombreuses. Reste, comme le soulignent beaucoup de maires, à vérifier qu’elles seront suivies d’effets, car les territoires n’ont plus le luxe d’attendre.
Martinique, Guadeloupe, Guyane, Mayotte… en quête de sécurité long-terme
Dans les Outre-mer, les attentes sont immenses. À la Martinique et en Guadeloupe, les homicides liés au trafic se sont multipliés. En Guyane, la pression venue du Suriname et du Brésil est constante. À Mayotte, la criminalité organisée s’ajoute à la crise migratoire et aux conséquences du cyclone Chido. Partout, les élus se disent démunis face à des organisations de plus en plus violentes et mieux armées. Ils réclament une action durable, pas seulement des opérations ponctuelles.
Lors de sa conférence de presse à Berlin, Emmanuel Macron a déclaré que « ce qui a réussi contre le terrorisme doit réussir contre le narcotrafic ». La formule se veut déterminée, mais dans les Outre-mer, la prudence reste de mise. Les habitants ont trop souvent vu des plans d’urgence se réduire à des annonces ou à des dispositifs temporaires sans véritable impact sur le terrain.
Les élus présents au Congrès des maires l’ont rappelé : la lutte contre le narcotrafic doit devenir un chantier national doté de moyens réels, continus et adaptés aux réalités ultramarines. La sécurité de millions de Français en dépend, et les Outre-mer ne peuvent plus être relégués au second plan dans une bataille qui commence d’abord chez eux.



