Présenté comme une vitrine du transport maritime décarboné et un atout logistique stratégique pour l’archipel, le Neoliner Origin suspendra ses liaisons directes entre l’Hexagone et Saint-Pierre-et-Miquelon au moins jusqu’en avril 2026. Une décision contrainte par des difficultés techniques et météorologiques rencontrées dès sa mise en service.

Le plus grand cargo à voiles du monde est attendu à Saint-Pierre-et-Miquelon ce dimanche 21 décembre, avec un léger retard, avant de rejoindre Saint-Nazaire. Cette escale marquera la fin provisoire des liaisons directes. La compagnie Neoline a annoncé un arrêt technique de quatre semaines en janvier afin de réparer plusieurs avaries et d’améliorer la fiabilité du navire, fortement éprouvé par les tempêtes hivernales de l’Atlantique Nord.

Un lancement précipité face aux réalités de l’Atlantique Nord

Dès ses premières rotations, le Neoliner Origin a subi des dommages significatifs, notamment sur ses voiles, réduisant sa capacité à naviguer efficacement à l’énergie du vent. En décembre, une route fortement déviée vers le sud a entraîné un retard de neuf jours à l’arrivée à Saint-Pierre, avec pour conséquence la livraison de marchandises ultra-fraîches impropres à la consommation.

Face au mécontentement des professionnels et des habitants de l’archipel, Neoline reconnaît un contexte météorologique particulièrement rude et admet que le navire n’était pas totalement prêt pour une exploitation hivernale aussi exigeante. Les réparations et optimisations sont confiées au chantier RMK Marine et à ses partenaires, dont les Chantiers de l’Atlantique.

En février et mars 2026, les rotations passeront d’abord par Baltimore avant de rejoindre Saint-Pierre-et-Miquelon uniquement au retour. Le délai de transport depuis Saint-Nazaire atteindra alors 22 jours, loin des 8 à 10 jours initialement annoncés.

La compagnie maintient toutefois son objectif de stabiliser le service au printemps 2026 et affirme que, lorsque les voiles sont pleinement opérationnelles, les performances énergétiques observées sont proches des objectifs annoncés. Reste une question centrale : un modèle de transport maritime décarboné peut-il être fiable toute l’année sur des liaisons nord-atlantiques exigeantes ?

Pour Saint-Pierre-et-Miquelon, cette suspension rappelle une réalité souvent dénoncée dans les Outre-mer : les expérimentations innovantes ne peuvent se faire au détriment de la continuité territoriale et de la sécurité d’approvisionnement. Si l’innovation est nécessaire, elle ne saurait se substituer à des solutions robustes, durables et adaptées aux contraintes réelles du territoire français d’Amérique du Nord.

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