Malgré une enquête judiciaire qui le vise, David Guyenne conserve son fauteuil de président de la Chambre de commerce et d’industrie de Nouvelle-Calédonie. Réunis en assemblée générale extraordinaire ce mercredi 10 septembre, vingt élus sur trente-trois ont renouvelé leur confiance à celui qui entame son deuxième mandat.
Cette confirmation intervient alors que l’affaire a déjà fait grand bruit. Fin juillet, Guyenne et deux associés avaient été placés en garde à vue dans une enquête pour abus de biens sociaux, blanchiment et recel. Les soupçons portent sur un montage financier jugé frauduleux lors d’une opération de fusion-acquisition, qui aurait permis de percevoir près de 685 millions de francs de surévaluation. Le parquet a précisé que les faits reprochés ne concernent pas son mandat consulaire, mais l’enquête est toujours en cours.
Le maintien de Guyenne à son poste suscite l’indignation de l’opposition. Les élus d’Alliance pour la Relance, battus lors des élections consulaires de 2024, réclamaient sa mise en retrait afin de préserver l’image de l’institution. Leur appel n’a pas été entendu. Dans un communiqué, ils dénoncent une décision qui « fragilise encore davantage la crédibilité et l’image de la CCI auprès de ses ressortissants, de ses partenaires publics et privés, ainsi que de l’opinion ». Pour ces onze élus, il s’agit d’un choix « lourd de conséquences ».
David Guyenne avait pourtant pris du recul deux semaines durant, laissant l’intérim au vice-président Stéphane Yoteau. Mais la majorité des membres a tranché : il reste le visage de la CCI. L’opposition, elle, s’interroge désormais sur son avenir et menace de rendre son mandat, estimant que les dirigeants d’une institution publique doivent se montrer « exemplaires, au-dessus de tout soupçon ».
La Chambre consulaire tente de rassurer en affirmant rester « mobilisée et engagée pour aider et défendre les entreprises ». Mais cette confirmation à la tête d’une institution déjà secouée par une « crise de gouvernance » laisse planer une ombre persistante : celle d’une présidence fragilisée par les affaires judiciaires, dont l’issue pèsera inévitablement sur l’image de la CCI.
Patrice Clech
Journaliste et analyste, il consacre ses travaux aux dynamiques politiques, sociales et culturelles des Outre-mer, qu’il explore avec rigueur et passion.