Cinquante prisonniers du centre pénitentiaire du Camp-Est, à Nouméa, ont saisi le tribunal administratif pour dénoncer leurs conditions de détention, jugées indignes et contraires aux droits fondamentaux. Surpopulation, insalubrité, manque d’eau et absence d’activités rythment le quotidien de cet établissement qualifié depuis des années de « honte de la République ».
Des conditions de vie dénoncées comme inhumaines
Les détenus décrivent des cellules étouffantes, parfois occupées par six personnes pour deux lits, avec des matelas au sol, des draps tendus pour séparer les toilettes et une lumière du jour inexistante. Certains vivent dans des conteneurs maritimes transformés en logements provisoires devenus permanents. L’accès à l’eau est extrêmement limité : selon les requérants, chacun ne reçoit qu’une bouteille de 1,5 litre tous les quinze jours.
Lors de l’audience, l’avocat des détenus, Maître Charly Salkazanov, a évoqué « une indignité à tous les niveaux », citant aussi le manque d’accès aux soins – un seul médecin pour plus de 550 détenus – et l’absence quasi totale de formations ou de programmes de réinsertion. Il a rappelé que certains prisonniers « se mutilent pour être entendus ».
La direction de l’établissement reconnaît la surpopulation – 556 détenus pour 397 places – mais affirme que des travaux sont en cours jusqu’en 2026, notamment la réfection des sanitaires et la mise aux normes électriques. Elle évoque aussi la difficulté d’entretenir les équipements, souvent « dégradés ou arrachés » par les détenus.
Cette procédure collective, inédite par son ampleur, pourrait conduire la justice à ordonner des mesures d’urgence sous astreinte financière contre l’administration pénitentiaire. La décision du juge des référés est attendue le 27 octobre.



