Chaque année, les récifs calédoniens s’animent d’un spectacle rare et fascinant : la ponte des coraux Porites rus. Un phénomène naturel essentiel à la vie du lagon, qui émerveille autant les scientifiques que les habitants.

Un ballet naturel au rythme de la Lune

Calée sur le cycle lunaire, la reproduction des coraux se déroule en parfaite synchronie. À Touho, l’association Hô-üt a observé le phénomène dans le cadre du projet international « Connected by the Reef – Te Firi A’au », coordonné depuis la Polynésie française. Les coraux libèrent en même temps leurs ovules et leurs spermatozoïdes, formant dans l’eau un nuage blanchâtre et dense, véritable floraison marine. « On se met à l’eau vers 20 heures pour observer les œufs roses qui flottent et se dispersent, explique Amaury Durbano, animateur de l’association. Cette année, nous avons vu les coraux massifs libérer leurs gamètes, même si la ponte principale nous a échappé. »

Ce phénomène, visible du ciel, a aussi été repéré du côté de Nouméa, où des traînées roses sont apparues près de la baie de Sainte-Marie et de la barrière de corail. En langue cèmuhi, la ponte se dit « mamang », ce qui signifie « fleur de corail ». Le lendemain, le rivage exhale une odeur iodée caractéristique, preuve de la fécondation en mer.

Les habitants, familiers de cette période, savent qu’il faut éviter la baignade juste après l’événement, l’eau devenant parfois urticante. Ils se méfient aussi de la sardine, poisson abondant à cette saison, jugé indigeste après la ponte. Derrière ce ballet éphémère, c’est toute la vie du lagon qui se régénère, rappelant la fragilité et la beauté du monde sous-marin calédonien.

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