Les audiences du tribunal de Nouméa le montrent semaine après semaine : les violences intrafamiliales visant des mineurs restent un fléau qui ne recule pas. Un cas récent illustre la brutalité de certains passages à l’acte : un adolescent de 15 ans a été violemment frappé par son oncle, au point de finir à l’hôpital, après un simple écart de conduite au lycée. L’auteur présumé encourt jusqu’à dix ans de prison, signe de la gravité des faits.

Une hausse nette des signalements et des placements

L’association SOS Victimes, régulièrement désignée administrateur ad hoc pour défendre les intérêts des jeunes au cours des procédures, constate une progression forte des dossiers. De 224 nouveaux cas recensés en novembre 2023, on est passé à 340 en novembre 2025, dont environ 80 % concernent des mineurs. Les signalements venus des établissements scolaires se multiplient, preuve que le repérage s’améliore, mais aussi que la violence gagne du terrain dans certains foyers.

Pour les professionnels, plusieurs causes se cumulent. Les émeutes de 2024 ont laissé un climat d’angoisse durable, ajouté à la précarité, aux addictions et aux tensions familiales. Des adultes à bout de nerfs déversent leur mal être sur les plus vulnérables. Rien ne peut justifier qu’un enfant serve de soupape, et la République a le devoir d’y mettre un coup d’arrêt.

La direction provinciale de l’action sanitaire et sociale compte aujourd’hui environ 350 enfants placés. Les solutions existent, du placement en maison de la petite enfance à Dumbéa ou Bourail aux familles d’accueil, sans oublier les mesures éducatives à domicile. Mais les moyens humains peinent à suivre. Les départs de personnels après les troubles de 2024 fragilisent la continuité de la prise en charge, au moment même où la demande explose.

Cette réalité impose une réponse ferme et cohérente : protection immédiate des victimes, sanction systématique des agresseurs, et accompagnement des familles en grande détresse. La Nouvelle Calédonie ne peut pas accepter qu’une génération grandisse sous les coups. Défendre l’enfance, c’est défendre l’avenir du pays, et c’est une responsabilité pleine et entière de la France dans ses Outre mer.

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