En Nouvelle-Calédonie, le vote de la motion de censure a mis en lumière le clivage historique entre indépendantistes et loyalistes. Sur fond de tensions institutionnelles, les deux députés ont incarné deux visions opposées du rapport à l’État : la défiance d’un côté, la confiance de l’autre.

Le vote des députés calédoniens

Nicolas Metzdorf (Ensemble – 1ʳᵉ circonscription) : n’a pas voté la censure.

Emmanuel Tjibaou (GDR – 2ᵉ circonscription) : pour la censure.

Un vote fidèle aux lignes politiques

Sans surprise, Emmanuel Tjibaou, élu indépendantiste, a soutenu la censure. Son geste s’inscrit dans la continuité de la contestation indépendantiste face à un gouvernement jugé trop centralisateur. En défendant la chute de l’exécutif, il entend dénoncer la lenteur des réformes promises et rappeler la revendication d’émancipation institutionnelle du pays.

À l’inverse, Nicolas Metzdorf, figure du camp loyaliste et membre de la majorité présidentielle, a soutenu Sébastien Lecornu. Pour lui, l’enjeu n’est pas de rompre le lien avec la République, mais de stabiliser le territoire et de mettre en œuvre l’accord de Bougival, pierre angulaire du futur statut de la Nouvelle-Calédonie.

Le contexte économique : entre nickel et reconstruction

La Nouvelle-Calédonie traverse une double crise : celle du nickel et celle de la reconstruction après les émeutes de mai 2024. Le secteur minier, en perte de compétitivité, menace des milliers d’emplois. Parallèlement, les tensions sociales et la défiance politique ont ralenti la relance économique, malgré le soutien de l’État et la mission interministérielle de Claire Durrieu, chargée du “pacte de refondation”.

Dans ce contexte, la reprise du projet de loi sur la vie chère à Paris apparaît ici comme un contresens. Alors que le territoire a besoin de souplesse pour attirer les investisseurs et relancer l’emploi, le gouvernement propose des mécanismes de contrôle des marges et des prix qui risquent de freiner les initiatives locales. Les acteurs économiques calédoniens le disent clairement : la vie chère ne se combat pas par des décrets, mais par la production et la confiance.

Une approche loyale mais lucide

Nicolas Metzdorf a choisi la loyauté à l’État, mais il n’en reste pas moins vigilant. Le député calédonien insiste sur la nécessité de donner de la visibilité financière au territoire et de soutenir la diversification de son économie. Pour lui, la priorité est de réparer le tissu économique, pas de le corseter.

De leur côté, les indépendantistes veulent faire de la crise actuelle la preuve que le modèle français est à bout de souffle. Leur vote pour la censure est aussi une manière de relancer le débat sur la souveraineté et de préparer la prochaine séquence institutionnelle.

En Nouvelle-Calédonie, la censure a pris des allures de plébiscite : pour ou contre la République. Entre fidélité et rupture, les députés traduisent les lignes de fracture d’un territoire en reconstruction, partagé entre la confiance en l’État et le désir d’émancipation.

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