Une nouvelle fois, les Outre-mer rappellent à Paris que leur fidélité à la France ne peut être unilatérale. Dans une tribune publiée ce mardi dans Le Monde, soixante-dix personnalités ultramarines (parmi lesquelles la championne olympique Marie-José Pérec ou le responsable associatif José Althey) dénoncent la manière dont l’État traite ces territoires qu’ils qualifient de « plus fragilisés de France ». À l’initiative de Patrick Karam, ce collectif affirme une vérité simple et forte : faire des Outre-mer une priorité n’est pas une faveur, mais une obligation républicaine.
Un cri d’alarme contre le mépris et l’abandon
Dans cette tribune, les signataires pointent d’abord la valse ministérielle qui frappe le portefeuille des Outre-mer : sept ministres en trois ans, un record révélateur d’un manque de constance et de considération. La nomination récente d’une ministre jugée inexpérimentée, disent-ils, a été perçue comme un nouveau signe de désinvolture, d’autant qu’aucun Ultramarin ne figure plus au sein du gouvernement. Ce symbole pèse lourd pour des territoires qui, rappelons-le, constituent le front avancé de la France dans les océans Indien, Pacifique et Atlantique.
Mais c’est surtout la question budgétaire qui cristallise la colère. Les coupes annoncées dans le budget 2026, dont 628 millions d’euros retranchés au ministère des Outre-mer, apparaissent comme un reniement en pleine période de crises sécuritaires, économiques et sociales. Eau contaminée en Guadeloupe, immigration incontrôlée à Mayotte, tensions statutairement explosives en Nouvelle-Calédonie, flambée des prix aux Antilles et en Guyane : autant de dossiers que les signataires estiment traités avec une lenteur bureaucratique ou une indifférence déconcertante.
Pour eux, l’État oublie que les Outre-mer ne réclament ni traitement de faveur ni privilège, mais tout simplement l’égalité républicaine : des services publics fiables, des infrastructures dignes, un investissement massif dans l’économie, l’éducation et la sécurité. Ils rappellent également que les territoires ultramarins, bien loin d’être une charge, constituent les atouts géostratégiques majeurs qui permettent à la France d’être une puissance maritime globale.
En conclusion, la tribune appelle à un sursaut national. Les Outre-mer, affirment-ils, ne peuvent plus être la variable d’ajustement politique ou budgétaire de la République. Leur situation impose une action ferme, cohérente et durable. Car ce qui se joue là-bas, c’est la crédibilité même de l’engagement de la France envers ses propres citoyens.



