Alors que Copernicus confirme que 2025 sera l’une des trois années les plus chaudes jamais mesurées, les nouvelles projections climatiques publiées par Météo-France dressent un constat sans équivoque : les Outre-mer se réchauffent déjà plus vite que prévu, et la tendance va s’accélérer dans les années qui viennent. Antilles, Guyane, Mayotte, La Réunion, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, aucune région ultramarine n’est épargnée.

Selon la TRACC, la Trajectoire de réchauffement de référence désormais utilisée pour adapter les territoires, la température grimpera d’ici 2030 de +1,5°C à +2°C dans l’ensemble de la France, mais l’Outre-mer tropical connaîtra des intensités supérieures. La Guyane pourrait atteindre +1,7°C dès 2030, et Mayotte ou La Réunion suivront rapidement. Ce réchauffement sera ensuite continu : +2°C à +2,5°C autour de 2050, puis des hausses pouvant dépasser +3°C à +4°C en fin de siècle selon les scénarios.

Des territoires en première ligne : chaleur extrême et sécheresses accrues

Dans les îles tropicales, où chaleur et humidité se combinent, le ressenti thermique et le risque sanitaire augmenteront de manière disproportionnée. Les nouvelles projections publiées pour La Réunion et Mayotte donnent un aperçu concret des lendemains à venir.

À La Réunion, les scientifiques anticipent d’ici 2100 une augmentation de +2,9°C, jusqu’à 90 jours chauds par an sur les zones habitées du littoral, contre une dizaine actuellement, et une baisse de 15 % des précipitations en saison sèche, aggravant le stress hydrique.

À Mayotte, l’évolution est encore plus marquée. À l’horizon 2100, on compterait près de 205 jours chauds par an, une chute d’environ 30 % des pluies en saison sèche, et un impact direct sur l’eau potable, les cultures, les écosystèmes côtiers et les risques de feux de végétation.

Dans les Antilles, la tendance est la même : chaleur accrue, épisodes de sécheresse plus longs, mais aussi intensification des phénomènes cycloniques extrêmes, comme la région en subit depuis Irma en 2017 ou Chido en 2024.

En Guyane enfin, les douze dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées, et les sécheresses inédites du Maroni en témoignent.

Des projections inédites pour anticiper et protéger

Pour la première fois, les Outre-mer disposent d’une vision précise et régionalisée du climat futur. Météo-France met progressivement à disposition les données quotidiennes TRACC sur le portail DRIAS : températures, précipitations, jours très chauds, pluies extrêmes… Une base essentielle pour adapter urbanisme, agriculture, réseaux d’eau, gestion des risques ou infrastructures de santé. Ces données confirment un point central : même si le réchauffement planétaire se poursuit partout, les Outre-mer seront parmi les territoires français les plus exposés. Les populations locales, déjà confrontées à la montée des eaux, aux cyclones intenses, aux vagues de chaleur et aux sécheresses, verront ces phénomènes gagner en intensité. Pour les Outre-mer, le changement climatique n’est plus un horizon, mais une réalité quotidienne qui s’accélère, un défi immense bien présent.

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